Le premier quartier de la lune
de Michel Tremblay

critiqué par Cuné, le 29 septembre 2004
( - 56 ans)


La note:  étoiles
5° tome des chroniques du plateau Mont-Royal
On retrouve dans ce 5° tome la même construction que dans le 1er : on concentre tout le livre sur une seule journée, celle qui ouvre l'été 1952. Les 2 héros sont cette fois Marcel et son cousin, l'enfant de la grosse femme. Marcel, après nous avoir annoncé qu'il avait choisi le mensonge dans le 3° tome, aura finalement grandi à cheval entre ses 2 vies, délaissant peu à peu l'imaginaire sans entrer vraiment dans la réelle... et il est devenu un pré-ado "différent", en classe spéciale car pas capable de suivre une scolarité normale, sans pour autant être réellement déficient. Albertine vieillit fidèle à elle-même, dure, lunatique, mais nous offre pourtant en fin de livre un passage bouleversant construit en toute musicalité. Cette journée est aussi celle des examens pour passer dans la classe suivante pour toute la petite troupe de copains de la rue Fabre, et la découverte de la télé pour la grosse femme.
J'ai trouvé que ce tome était bien triste, presque comme si nous lecteurs devions aussi abandonner le côté fantastique, irréel et léger, humoristique des évènements précédents pour "retomber" dans le quotidien routinier, qui déçoit toujours surtout quand on est dans l'attente du souffle romanesque qui nous permettrait de le transcender...
Mais à l'image de la vie elle-même, il faut en passer par là pour appréhender l'ensemble...
Un petit goût d'Auster 7 étoiles

Je n'aime pas Michel Tremblay... habituellement... il y a plusieurs raisons à cela. Majoritairement, parce que ses romans ne vont nulle part. Particulièrement ses chroniques du Plateau Mont-Royal. On dirait qu'il essaie encore et encore de revivre une enfance qui l'a marqué , où s'est déclaré son homosexualité dans un climat répressif et religieux, blah blah blah...

Peut-être ne suis-je pas touché par son dilemme? Même si je vis dans le quartier avoisinant, ses joutes de balcons entre vieilles dames ne m'ont jamais vraiment plu.. parce qu'elles vont dans la direction contraire de celle amorcée par la révolution tranquille, c'est à dire, de nous débarrasser de l'image d'incompris aliénés, dans un ilot francophone, au milieu d'une mer anglophone, voire cosmopolite, pas faite pour nous, les Québécois... On le dit peintre d'une époque? Et moi je dis que c'est ce qu'on dit des auteurs qu'on n'a pas lus, mais qu'on affirme avoir lu pour se rendre intéressant. En tant que peintre d'une époque, il semble pas mal plus vouloir peindre SON époque par dessus la mienne qui essaie d'évoluer. Bref... ce n'est pas le débat ici, mais le canevas est tressé pour voir comment j'ai abordé ce roman.

Roman qui.. n'était pas si mal. Très original et très peu usuel pour un roman de Tremblay. Le canevas est pas mal le même, celui du Plateau Mont-Royal, celui-là même qui m'énerve... mais... mais... les protagonistes sont différents. C'est la que le côté Austérien vient jouer un rôle. Les protagonistes sont deux enfants. Marcel, fils d'Albertine et le fils de la grosse femme, qui, fans de Tremblay, j'espère, aurez deviné comme un alter-ego de l'auteur lui-même.

Marcel est attardé, mais "Tremblay" lui, est premier de classe. La trame du roman se déroule dans l'indécision entre la dénomination de l'état de Marcel comme étant magique, telle la vision de l'enfant, la vision de "Tremblay" ou la vision adulte des frères enseignants ou du lecteur lui-même, qui peut voir Marcel comme un psychotique.

Un canevas réaliste, une situation qui transcende à peu près tout, même la fonction d'une trame narrative. C'est un bon roman, qui va quelque part. Pas très loin, mais au moins qui va quelque part, qui transcende ce qu'il fait à l'habitude...

Intéressant...

FightingIntellectual - Montréal - 41 ans - 20 janvier 2007