Penser la Restauration: 1814-1830
de Emmanuel de Waresquiel

critiqué par Colen8, le 1 juillet 2022
( - 83 ans)


La note:  étoiles
L’apprentissage de la vie parlementaire
Comment mettre fin à la Révolution ? Ni la Restauration, ni les régimes suivants n’y parviendront. Obligé par les circonstances d’adopter la Charte constitutionnelle (4 juin 1814), dès son retour de 25 ans d’exil le roi Louis XVIII la déclare émaner de sa seule souveraineté pour être octroyée à des sujets malgré tout divisés. Les écarts creusés entre l’ancienne noblesse et les bourgeois de la Révolution considérés comme des parvenus se prêtent toutefois à un riche débat d’idées. C’est une expérience nouvelle d’apprentissage de la vie politique, parlementaire et sociale du pays.
Les acquis sociaux de la Révolution sont conservés : l’égalité devant la loi, un certain nombre de libertés dont la liberté d’expression, l’indépendance de la justice. La souveraineté royale légitime est néanmoins partagée avec le pouvoir législatif de deux chambres, la Chambre des députés élue au suffrage censitaire, la Chambre des pairs nommée vite destinée à devenir héréditaire. Pour ces élites ou se percevant comme telles leurs représentations du peuple ne suscitent que méfiance : prompt à se soulever, ignorant et inapte à comprendre les enjeux politiques.
Comme l’initiative des lois reste majoritairement au ministère, les députés font valoir leurs propositions par le jeu des amendements. Des 1815 suivant l’exemple anglais un semblant de partis tente de s’organiser en se regroupant par affinités et en se dotant d’un chef : royalistes à droite, tiers parti au centre, libéraux à gauche. Les séances parlementaires sont tumultueuses, les cris fusent de partout. La dissolution l’année suivante, la nomination d’un nouveau ministère, la succession de Louis XVIII par Charles X en 1824 n’annihileront plus la vie parlementaire naissante.