Le voyage à Nuremberg
de Hermann Hesse

critiqué par Vince92, le 7 septembre 2023
(Zürich - 47 ans)


La note:  étoiles
Le Loup des steppes
Parmi les auteurs qui me tiennent à coeur, Hermann Hesse tient une place particulière tant je me sens proche de ses préoccupations et de son état d'esprit. Le Voyage à Nuremberg manifeste une nouvelle fois la proximité de pensée que j'entretiens avec l'auteur du loup des steppes.
Alors qu'il est déjà un auteur reconnu, Hesse est invité à prononcer une conférence sur son oeuvre à Nuremberg... disposé d'abord à refuser, la perspective de revoir les endroits et les amis qui peuplent ses souvenirs, loin de sa tanière tessinoise, il finit par accepter. Les circonstances font que d'autres événements surgissent dans son agenda, Augsburg, Munich s'imposent au programme de ce voyage redouté tout autant que désiré.
Hermann Hesse est un individu particulier qui fuit le monde mais ne peut vivre très longtemps loin de lui. Un animal social chérissant sa liberté donc sa solitude. Déjà dans le Loups des steppes que je tiens pour son chef-d'oeuvre, cette tendance était clairement dessinée. Ici, débarrassé des oripeaux de la fiction, on comprend grâce à un langage simple et dépouillé mais qui demeure tout de même très littéraire dans la profondeur des sentiments exprimés combien cet individu, Hermann Hesse, qui pourrait simplement jouir de sa notoriété et profiter des honneurs qui lui sont dus, combien cet homme est complexe et qui toute sa vie a lutté contre les différentes inflexions de sa personnalité.
Le mérite de ce petit livre est assurément de mettre des mots sur ce que tout à chacun sans doute ressent au cours de sa vie: une tendance à la schizophrénie bien commune mais que chacun tend à dissimuler et qui a un nom... la pression sociale.