Des gamins contre Staline
de Jean-Jacques Marie

critiqué par CHALOT, le 26 juin 2022
(Vaux le Pénil - 76 ans)


La note:  étoiles
pédagogique et magistral
« Des gamins contre Staline »
livre de Jean-Jacques Marie
collection Don Quichotte, le Seuil
294 pages
avril 2022


Plus qu'un essai, une étude convaincante

Jean-Jacques Marie est à la fois ;
un vieux militant politique et syndicaliste qui a marqué toute une génération, la mienne notamment et ceci depuis 54 ans
et le plus grand historien spécialiste de l'URSS .
Sa notoriété est grande, il a droit à 105 millions de références sur google, soit huit fois plus que Mélenchon

A 85 ans , Jean Jacques Marie vient d'écrire ce livre qui, comme tous les autres, est passionnant.
A prime abord, si l'accès est facile, si l'écriture est fluide et alerte, on pourrait se perdre avec toutes les références historiques ….
Comment s'y retrouver avec tous les noms cités ?
On y arrive et le livre au lieu d'être ardu se laisse lire avec aisance.

La révolte de jeunes contre Staline et sa politique et même l'apparition de résistances organisées remontent au moins au milieu des années 30.
Ces gamins, enfant ou adolescents, se sont opposés à Staline en n'hésitant pas à diffuser des tracts rudimentaires.
Durant la deuxième guerre mondiale, malgré la répression bureaucratique, des groupes constitués ont dénoncé le système anti social et ont combattu Staline au péril de leur vie.
Certains ont bâti des petits partis politiques comme l'Union des jeunes socialistes ou le parti communiste de la jeunesse au milieu des années 40, après la guerre au moment de la grande famine.

L'auteur nous rappelle des périodes peu reluisantes comme cette rencontre avec Romain Rolland, grand admirateur de Staline venu, timidement, s'inquiéter de la décision prise par le dirigeant de l'Union Soviétique d'introduire la peine de mort pour les enfants à partir de 12 ans.

Cette rencontre aura lieu en 1935 et le grand auteur Français prendra sa distance avec Staline plus tard surtout au moment du pacte entre l'Urss et l'Allemagne nazie.
Staline se méfie des enfants, il en a peur et il sera toujours sans pitié pour ces jeunes qui se réclament pourtant du socialisme.

Staline, protecteur de l'enfance ? Parlons-en !

Nous avons froid dans le dos en lisant plusieurs passages documentés sur la répression stalinienne et notamment à propos de cet Oradour-sur-Glane stalinien quand en février 1944 des femmes, des hommes et des enfants ont été brûlés vifs au cours de « la déportation des 459486 Tchétchènes et Ingounes, peuples du Caucase, décidée par Staline »

Ce livre raconte l'histoire de ces groupes de jeunes, explique leurs cheminements et rappelle que la grande majorité d'entre eux a subi une répression policière qui les a conduit à la prison, au goulag ou à la mort.

Jean-François Chalot