Octave avait vingt ans
de Gaspard Koenig

critiqué par Monito, le 29 septembre 2004
( - 52 ans)


La note:  étoiles
les derniers seront les premiers
comment faire d'un personnage accessoire de Proust un héros de roman du 21ème siècle. Gaspard Koenig y parvient avec brio. Ce jeune auteur manie bien la langue, même si parfois le style est un peu ampoulé. Octave donc a 20 ans , il est riche, il est beau, il est un séducteur efficace, excellent amant et il sait tout cela...
Alors il est hautain, sûr de son fait, irrespectueux des conventions des femmes et des hommes qui l'entourent sauf d'ELise. Ce roman est le récit d'un prédateur pris à son propre piège... la scène finale est magnifique!
à découvrir
N'est pas Proust qui veut. 2 étoiles

L'idée de départ m'avait attiré. Partir d'un personnage tenant dans un roman un rôle secondaire, très secondaire en l'espèce, et lui donner vie, consistance et histoire personnelle est très séduisant. Mais faire de l'Octave rencontré dans la Recherche ce qu'en a fait Koenig me laisse vraiment sur ma faim. Mais quelle "merde " que ce type! Et quelle injure faite à Proust dans cette entreprise ratée!
Voilà bien un personnage de notre temps qu'on rencontrerait dans certains cénacles où le creux l'emporte à chaque mot. Ces cénacles où la montre Rolex tient lieu de faire valoir et où une ou deux étagères garnies de pléiades tiennent lieu de gage d'une culture littéraire suffisante.
Et cette surenchère de pornographie facile...
Quel gâchis!!!

Hambraine - Fosses La Ville - 73 ans - 8 août 2015


Octave avait vingt ans, et deja quel manque de fraicheur. 3 étoiles

Le premier roman de Gaspard Koenig : comment exprimer la pesanteur?

Tout réjoui que j'étais à l'idée d'acheter le premier roman d'un jeune auteur réputé brillant (Le point) j'aurais dû me méfier des sous-entendus émis par les critiques professionnels : "est cultivé et le montre".

J'attaque le roman de front, reposé, curieux, et les premières pages à elles seules peuvent suffire à révéler l'auteur : un style lourd et tellement .... factice. On dirait du mauvais rococo, le doré du vocabulaire, les entrelacs des digressions encombrantes, la fragilité du tout, en fait des stucs artificiellement adjoints à un édifice de base, l'intrigue (sic) qui aurait pu gagner en légèreté.

D'autre part je m'effraye à l'idée qu'un auteur de 23 ans puisse être déjà aussi "défraîchi". Je suis effaré par l'atrocité des tournures qui sont vraiment indigestes et d'un pédant, mon Dieu! ex : "Le crépitement de l'écho nouait une lointaine complicité entre les éléments, et l'on sentait sourdre de partout le rythme cadencé des grandes catastrophes comme un roulement de tambour perdu dans un vaste paysage" Au secours!!!! Je ne suis pas spécialement retors aux métaphores et autres procédés stylistiques mais par pitié qu'ils soient utilisés à bon escient, par pour le plaisir du verbiage.

Trop de factice, de surcharge, de faux, l'absence de naturel. On peut très bien avoir une écriture très imagée, un vocabulaire immense et décrire des abstractions absolues et inédites et ne pas se perdre pour autant dans un bavardage insensé et nauséabond.

Ivan Illitch - - 39 ans - 2 décembre 2004


Octave avait vingt ans 8 étoiles

Le livre s’ouvre presque sur une symphonie où le chef d’orchestre, plus maître de sa cantatrice, se permet de mourir sur scène. Dans cette tragédie la princesse a compris ce qui s’était passé ; mais faut-il toujours en arriver à des extrêmes pour se faire entendre par ceux qu’on aime ?
Lors d’une question en cours de philosophie sur les rapports qu’il entretiendrait avec une fille mettant en avant les liens du mariage avant de partager sa couche, Octave commence une scène de masturbation pour démonter qu’avec lui jamais une telle situation se produirait. Il est bien sûr renvoyé, mais cet acte campe bien le personnage imbu de son pouvoir de séduction tout comme de sa tenue vestimentaire.
L’auteur met toujours les filles en situation de proie facile et j’aurais tendance à critiquer cet état de fait.
L’apothéose réside dans le passage où Octave affronte Louis en compétition d’escrime, car en sport la tricherie n’est pas de mise et celui qui allie à la fois la technique, la passion et les qualités mentales d’observation et de jugement de l’adversaire se doit de réussir.
La futilité des conversations mondaines empêche le détenteur d’un savoir de briller dans son domaine s’il ne sait pas ponctuer ses analyses de grivoiseries.
La compétition équestre montre la capacité de l’homme à dompter l’animal mais il maîtrise nettement moins bien la bête lorsqu’elle est soumise à des pulsions.
Quant à la maîtrise de soi si on se lance dans la passion du jeu de hasard, il faut qu’il la trouve en lui sous le regard des autres et avec l’approbation de ceux ci ; la vanité fait monter les enchères et l’adrénaline et même si le flambeur repart gagnant « en maîtrisant avec difficulté le tremblement de ses membres et s’appuyant sur les bras de sa partenaire » il lui reste l’insatisfaction de voir qu’Elise n’a pas compris même s’il la chérit d’autant plus. Comprendre l’autre n’est pas inné mais s’acquiert au fil du temps et du vécu.
Elise représente au départ l’inaccessibilité et le rêve idéaliste, mais elle perd de son attrait, et au final, comme une victoire, une fille ne se partage pas et c’est donc sous le regard de Louis que s’achève cette symphonie inachevée.
Au départ, ce livre m’avait déplu par ses descriptions scabreuses de scènes d’amour, puis il m’a permis d’engendrer une réflexion sur l’Homme et comme le renard du petit prince de saint Exupéry, j’ai été apprivoisée.

Bernadette COUTURIER

Bernadette COUTURIER - - 72 ans - 29 octobre 2004