Ni pillard, ni fuyard
de Antjie Krog

critiqué par Sahkti, le 27 septembre 2004
(Genève - 50 ans)


La note:  étoiles
Vivre l'Afrique du sud
"J’appartiens à cette terre… et à ses cicatrices"

Antjie Krog est poète et journaliste, sud-africaine, profondément révoltée contre les discriminations en cours dans son pays, honteuse de sa terre natale et l’aimant pourtant plus que tout. Dilemme qui lui est douloureux. Lors de l’instauration de la Commission "Vérité et réconciliation" en 1995, elle en a suivi les travaux pour le compte d’une radio nationale, elle a raconté, avec beaucoup d’émotion comment il allait falloir faire face aux fantômes d’un passé encore très présent dans toutes les mémoires.
Affrontant les horreurs des récits de tortures et de meurtres, Antjie Krog a décidé de mettre coucher sur papier cette histoire, ce pays meurtri, de rendre disponibles ces traces de souffrance avec de l’impudeur et une certaine forme de douceur. Une douceur qui n’occulte pas les atrocités commises, les viols répétés de noires, les actes inqualifiables, l’âme d’un pays qui se perd. Antjie Krog tente de faire face comme elle peu à ses racines dérangeantes et pourtant siennes.
Antjie Krog veut briser la loi du silence, tout le monde doit savoir, doit assumer, avoir honte, réfléchir, reconstruire. Si ses chroniques radios sont violentes, ses poèmes le sont tout autant, dans un autre style.
"Ni pillard, ni fuyard", c’est un recueil de ses textes publiés ces trente dernières années. En racontant son pays, Antjie Krog se raconte aussi, parle de son enfance de blanche afrikaaners au milieu des lois raciales, de la richesse de sa famille et de la pauvreté de son pays. C’est dur, révoltant, triste par moment, toujours engagé et puissant.