Aussi les gens
de Jean-Louis Massot

critiqué par Débézed, le 30 mai 2022
(Besançon - 77 ans)


La note:  étoiles
Carnet de poésie
Depuis presque toujours, la poésie nourrit l’imaginaire de Jean-Louis Massot, il a édité, pendant un quart de siècle, de très nombreux recueils toujours d’une excellente qualité. Le regard qu’il pose sur les choses les plus infimes mais sur « Aussi les gens » est très perçant, il détecte le moindre détail, la plus petite faille, la courbe douce ou l’angle saillant, la couleur chatoyante ou simplement l’ombre en noir et blanc. Son œil détecte, comme le rayon d’un radar, tout ce qui enchante la nature et la vie en général. Mais il est implacable quand il relit les épreuves des auteurs qui lui adressent un manuscrit, rien ne lui échappe, seuls les meilleurs textes passent dans son tamis.
La poésie c’est son adrénaline, son oxygène, sa sérotonine, …, sa raison d’exister. Il la fait encore merveilleusement vibrer dans ce petit recueil de poésie en prose en lui donnant la vie qu’il donnerait à une jeune fille qu’il voudrait séduire. Comme la fille aguicheuse, la poésie peut-être aussi espiègle et déroutante. « La poésie nous avait annoncé sa venue. Nous avions astiqué les cuivres …, mais la poésie n’est même pas passée en coup de vent ».
Chez Jean-Louis, la poésie est aussi gourmandise, elle se mange, se déguste même si les experts des guides étoilés peuvent la bouder. « Les critiques gastronomiques étaient dans ce restaurant, qu’ils avaient récompensé d’un macaron, à barguigner si la poésie méritait une étoile dans leur guide, mais ils ne devaient pas être dans leur assiette car ils sont partis sans laisser d’étoile ni de pourboire au personnel.
Alors la poésie est retournée mijoter le plat du jour ».
Jean-Louis met la poésie en couleur dans le texte, « … les feuilles des marronniers. Mordorées (le plus joli adjectif de la langue française), cuivrées, jaunies, mortes, … » mais en noir et blanc dans les illustrations de Thomas Venet. Ces dessins m’ont fait penser à ceux que Cocteau glissait dans ses recueils, tout réside dans la finesse du trait, dans l’esquisse du sujet représenté.
Ce recueil en forme de carnet à spirale comme celui que chantait William Sheller, est un véritable bouquet de printemps dans les rayons de ma bibliothèque.