La menace 732
de Frédéric Potier

critiqué par Débézed, le 27 mai 2022
(Besançon - 76 ans)


La note:  étoiles
la guerre des extrêmes
Ce roman dystopique parait à point nommé, l’histoire qu’il raconte est celle de la France de demain, celle d’après les élections. En l’occurrence des élections qui ont donné un résultat qui ne satisfait personne, même pas ceux qui les ont gagnées, tant la marge entre les deux principaux camps en concurrence est minime. La gauche sectaire a triomphé de quelques points seulement devant une extrême droite très combative qui n’accepte pas sa défaite prétendant qu’on lui a volé la victoire. La nouvelle Présidente de la République est très autoritaire, tranchante et déterminée à imposer son programme très rapidement même en employant la force s’il le faut. Elle nomme un nouveau Premier Ministre qui coche de nombreuses cases de la diversité : origines, sexualité, idéologie, sensibilité, …, provoquant l’ire de son opposition. Un clivage de plus en plus violent divise la société dans toutes ses composantes : Institutions politiques, armée, forces de l’ordre, … La Présidente du Sénat est entrée dans une opposition radicale et même violente.

Pendant ce temps dans les couloirs des services secrets, la Capitaine Meriem est investie d’une nouvelle mission qui consiste à surveiller les agissements du groupuscules « Martel 732 » qui s’agite de plus en plus. Un étrange personnage semble prendre un malin plaisir a exciter tous les frustrés qui hantent le pays : mouvements d’extrême droite privés de leur victoire électorale, racistes, fascistes, anciens de l’OAS, nostalgiques de la France coloniale, militaires déçus par le pouvoir politique, etc… De quoi recruter des barbouzes, des casseurs, des insurgés et quelques personnes capables de fomenter un putsch.

Des petits commandos, très mobiles et très efficaces, conduisent des opérations violentes et très spectaculaires qui déstabilisent toutes les institutions gouvernementales et administratives. Le mouvement prend de l’ampleur, le putsch est lancé, les gouvernants sont neutralisés, les rebelles s’installent dans un PC de guerre. La DGSI regroupe les forces refusant la rébellion : Etat major des armées, Ministre de l’intérieur, Préfecture de police et organise la résistance et la contre-attaque.

En coulisse, les services secrets tissent leur toile pour anéantir les vrais coupables de cette mutinerie qui ne sont pas ceux qui ont tombé le masque pour monter au combat. Frédéric Potier est un énarque qui a rempli de nombreuses missions dans la haute administration, il a notamment été Délégué interministériel à la lutte contre le racisme, l’antisémitisme et la haine anti-LGBT, il sait de quoi il parle, il connait bien les arcanes de tous ces mouvements qui œuvrent en secret pour déstabiliser l’Etat et générer le trouble et la peur dans la population. Les mouvements insurrectionnels sont souvent des jeux des services occultes qui se jouent à trois ou même parfois à quatre bandes.

Ce roman tombe à pic au moment où la France cherche une nouvelle voie dans des élections qui attirent de moins en moins les citoyens. La lecture de ce polar politique pourrait faire comprendre aux abstentionnistes la nécessité de se prononcer pour ne pas laisser le champ libre aux fauteurs de troubles issus de mouvements racoleurs aux fins autoritaires.