Le Réseau Alice
de Kate Quinn

critiqué par Saint Jean-Baptiste, le 20 mai 2022
(Ottignies - 88 ans)


La note:  étoiles
L’art de gâcher une belle histoire
Parce que oui c’est une belle histoire ! Ça raconte les aventures d’une espionne durant la guerre 14/18 en même temps que l’histoire d’une jeune Américaine à la recherche de sa cousine française, qui était aussi espionne mais en 40/45 et qui a été portée disparue. Ce qui lie l’histoire de ces deux espionnes c’est qu’elles ont toutes deux servi dans le même restaurant tenu par un collaborateur qui, durant les deux guerres, n’a cessé de livrer les résistants français aux Allemands. La jeune Américaine qui veut retrouver sa cousine sera donc accompagnée dans ses recherches par l’espionne de 14/18 qui veut se venger du collaborateur.

L’histoire de ces recherches commence en 1947 et évoque des événements qui se sont réellement passés ou qui auraient pu se passer en France durant les deux dernières guerres.
Elle se compose de chapitres assez courts. Un chapitre raconte l’histoire de l’espionne en 14/18 et le chapitre suivant raconte les recherches à travers la France pour retrouver la cousine et l’ancien collaborateur.

Les personnages atteignent presque le niveau psychologique des personnages de Tintin. Mais ça importe peu, leur histoire est palpitante. Le récit est tellement bien troussé qu’on brûle d’envie de savoir comment ça va finir. Seulement voilà ! Cette histoire est racontée par la jeune Américaine de 19 ans et dure plus de six cents pages dont plus de la moitié ne racontent que des foutaises, des stupidités, des diversions sans intérêt : on achète des fringues, on essaye la petite robe noire un peu transparente mais qui va si bien ; ça dure trente pages ! On va danser et le beau cavalier de la narratrice se lance dans une rixe avec un gros costaud qu’il manque d’assassiner, alors on se sauve en pleine nuit pour éviter la prison. Passionnant, n’est-il pas ! Ça a pris tout un chapitre ! Et puis on flirte et on fume toute la nuit dans une voiture pendant une bonne douzaine de pages… Et comme ça, d’historiettes insipides en fadaises sans intérêt, le livre fait plus de six cents pages et finit par crisper le lecteur le plus patient.

C’est à croire que les écrivains d’aujourd’hui sont payés à la page ! Mais il est vrai que c’est tellement plus difficile d’être concis. Et pourtant, certains écrivains, tels Colette, Françoise Sagan, Maupassant y sont arrivés avec une apparente facilité déconcertante. Simenon disait : si je me relis, c’est pour supprimer un maximum de mots. Et la Marquise de Sévigné disait à sa fille : tu excuseras la longueur de ma lettre, le temps m’a manqué pour faire court.

Mais quand je relis cette trop longue critique, je me dis que ce don de concision, pour autant que je l’aie jamais eu, s’est franchement émoussé… Il serait temps que je me reprenne !
Assez risible 4 étoiles

En voyant la couverture et le nom de la romancière, je croyais qu'il s'agissait de littérature britannique et d'un roman d'espionnage.
En réalité, l'autrice est californienne et cela parle surtout de relations amoureuses voire sexuelles, de tenues vestimentaires et de sentiments. Il est écrit au début du livre qu'elle est passionnée d'histoire (avec un petit h, sic). La géographie française ne semble pas sa tasse de thé. En effet, j'ai bien ri lorsqu'elle narre que les deux personnages principaux, Lili/Alice et Eve/Evelyn/Marguerite vont faire un pique-nique à la sortie de Lille, en haut de "verdoyants vallons" et qu'"au sommet" elles peuvent voir au loin en direction de l'Allemagne. Moi j'avais cru que Lille était proche du Plat Pays, mais d'après cette Américaine la ville ressemble à Clermont-Ferrand ou Grenoble !
Le récit est partagé entre 1915 et 1947. Et il faut bien dire que c'est redondant, en particulier sur Oradour-sur-Glane. Cela donne l'impression que la romancière a bien étudié son dossier comme une étudiante, mais lu par un lectorat français, cela ne passe pas. Trop de niaiseries et pas assez de sérieux.

Sonic - - 40 ans - 22 septembre 2023