Soixante-neuf tiroirs
de Goran Petrovic

critiqué par Bluewitch, le 25 septembre 2004
(Charleroi - 44 ans)


La note:  étoiles
Soixante-neuf espaces pour de nombreuses rencontres
Soixante-neuf chapitres, soixante-neuf mondes, soixante-neuf raisons d’entrer dans la lecture, au sens propre du terme. Goran Petrovic a mis par écrit le rêve de tout lecteur : entrer dans le livre qu’il parcourt. Lire intensément, de telle manière à ce que cela devienne une vie parallèle, un voyage concret, un monde à découvrir entre les lignes, des rencontres, celles des autres lecteurs, qui au même rythme s’engagent dans la perception d’un roman, d’un essai ou d’une œuvre sur l’archéologie. Pour en modifier quelques détails, peut-être…

Adam est correcteur et a été engagé par de mystérieux employeurs afin d’effectuer quelques changements dans l’œuvre d’Anastase Branitza, œuvre peu commune puisque ne comprenant aucun personnage… Pourtant, ce « roman », nommé « Ma Fondation », sera, pour lui, lieu de singulières rencontres. Celle de Iéléna, la jeune fille au parfum câlin , de Natalia Dimitriévitch, la vieille dame à la mémoire en fuite, Pokimitza, l’étrange jardinier, ou Zatlana, la cuisinière sourde… Tous lecteurs du même livre, ils s’y retrouvent, y vivent, y sont chez eux. Tous viennent à notre rencontre pour offrir des pans de leur existence avec, en premier plan, celle d’Anastase Branitza, qui créa « Ma Fondation » dans le but de l’offrir en havre à celle qu’il aimait, et dont il fit la connaissance au détour d’une page…

Un joli parcours malgré un peu trop de légèreté et une finale un peu trop vague mais globalement un bon roman, qui donne corps à une idée plutôt plaisante. Rencontre avec des êtres cherchant leur place, plus attachés à cet autre monde qui les fascine davantage qu’un quotidien hasardeux, ces soixante-neuf chapitres se découpent comme un vieux livre dont on sépare les pages au fur et à mesure.

Il y a une petite trace de poésie cachée dans chaque page, du moins de belles images spontanément insinuées, une atmosphère passant du sombre à l’éclatant, de la joie au désespoir, mais gardant un certain optimisme en fil conducteur.
La littérature serbe abrite de bons auteurs parmi ses pages.
une inception littéraire 6 étoiles

Quelle soit onirique ou littéraire, le résultat final de l'inception est le même : celui de s'évader corps et âme dans un monde autre que celui qui nous à vu naître. Le rares sont les livres qui nous transportent de cette manière.
Le fond maintenant est beaucoup plus commun : des histoires d'amour enchâssées au fil du temps et des paragraphes sur une toile de fond slave et épurée. Quelques longueurs cependant mais le moment de magie est bien présent et l'auteur nous livre un bel ouvrage. Idéal pour découvrir la littérature serbe.

Seb - - 47 ans - 16 décembre 2011