Le mage du Kremlin
de Giuliano Da Empoli

critiqué par Veneziano, le 6 novembre 2022
(Paris - 46 ans)


La note:  étoiles
Portrait romancé de Poutine
Comprendre ce personnage énigmatique et autocrate parcourt les esprits depuis des années, bien avant la guerre d'Ukraine. Ce roman directement inspiré du réel nous en dresse un portrait, par te truchement du témoignage d'un ancien conseiller fictif. Il en ressort une description réaliste, une interprétation qui se tient, sur fond d'éléments réels. C'est intéressant, fait réfléchir, beaucoup moins rêver. Les descriptions y sont précises et permettent de s'introduire dans des lieux interdits.
Un immense roman ! 10 étoiles

Giuliano Da Empoli (1973- ) est un écrivain et conseiller politique italo-suisse.
En 2022, "Le Mage du Kremlin", son premier ouvrage de fiction, dresse le portrait de Vadim Baranov, une éminence grise de Vladimir Poutine, personnage inspiré de Vladislav Sourkov.
Ce roman remporte le grand prix du roman de l'Académie française et fait partie de la sélection finale pour le prix Goncourt 2022.

Vadim Baranov, l'homme qui murmurait à l'oreille du Tsar, est le narrateur de ce roman.
Un ancêtre qui avait survécu aux purges du Stalinisme, misanthrope au plus haut degré.
Les Baranov ont servi la Grande Russie des Tsars.
Il décrit en détail le déclin de Brejnev et d'Eltsine, l'incroyable ascension de Poutine.
Poutine, ancien membre du FSB (ancien KGB), au regard de glace et aux décisions irrévocables.
Alors que la Russie a perdu la Guerre Froide et s'est vautrée dans un capitalisme effréné (les Oligarques milliardaires) , Poutine en appelle à la Patrie, à la Grande Russie de Staline, de Pierre le Grand .
Il n'hésite pas à écarter (...) certains oligarques omnipotents, pour l'exemple.
Un seul mot d'ordre : "Mettre un terme à la désintégration de la Russie " (celle décrite par Hélène Carrère d'Encausse )
Le soulèvement en Ukraine n'est alors pas admissible et il doit réagir, ne pas baisser la garde face à l'opposant (comprendre l'Occident et pas nécessairement l'Ukraine)
Poutine a rétabli la verticalité du pouvoir. En fin stratège, il sait profiter des failles du cerveau humain.
Il a compris que la solitude du pouvoir le privait de femme, d'enfants et d'amis.
Autour de lui, ne papillonnent que des courtisans et/ou ennemis.
Poutine est le machiavel 2.0. , sauveur de la fierté russe .

Attention !
Il s'agit là d'un immense roman.
Il faut accepter de s'imprégner de "l'âme Russe", ne pas juger avec nos repères occidentaux.
Oui, Poutine n'admet pas l'opposition et peut démettre n'importe qui en 24 heures mais ne gageons pas qu'il a une très haute estime de la Russie et n'est pas disposé à la laisser entre les mains de la CIA.
Les méthodes sont expéditives mais l'objectif n'est pas nécessairement personnel.

J'ai pris un immense plaisir à la lecture de ce roman de "philosophie politique et sociale" .
Baranov ne fait pas l'éloge inconditionnel de Poutine mais tente de nous expliquer les motivations du Tsar.
Comme Sylvain Tesson le souligne régulièrement dans ses ouvrages, les Russes ne raisonnent pas "à l'occidentale" .
Juger rapidement ce peuple et son dirigeant sans prendre en compte cette dimension serait une grave erreur de lecture.
Ne ratez pas cet incroyable roman.

Frunny - PARIS - 59 ans - 16 novembre 2024


L'univers oppressant de Poutine 6 étoiles

Une idée intéressante que d'entrer ainsi dans les allées et même les petits couloirs d'un pouvoir.
J'ai été un peu dérouté par le fait que le personnage principal de la première partie du livre s'avère ensuite n'être qu'un personnage d'introduction au véritable personnage principal.
C'est un peu long pour introduire le personnage mais d'un autre côté cela a permis de planter le décor, de comprendre l'évolution du pays.

Toute la partie (un bon trois quarts) concernant l'activité de ce personnage principal permet de démonter les rouages de ce fonctionnement, rouages pouvant être appliqués à des degrés plus ou moins importants à d'autres fonctionnements.

La dernière cinquantaine de pages portant sur la déconsidération, la perte d'influence du personnage, sont moins convaincantes. L'auteur avance des idées pouvant prêter à réflexion, offrant une ouverture intéressante mais cela est confus. Si l'on comprend l'idée directrice il est difficile de saisir les détails et c'est assez frustrant.

Reste maintenant l'image donnée du "Tsar".
Il est évident que les pro Poutine n'aimeront pas ce livre. Il me semble pourtant qu'il présente un reflet assez proche de la vérité ou tout au moins de ce qui peut être perçu extérieurement : un personnage froid, ne supportant pas la contradiction, autoritaire, imbu de sa personne, machiavélique, calculateur, versatile, sans empathie etc... Rien de positif sur cette personne.
Le narrateur change au fil du récit. Le premier, qui sert à introduire celui qui sera proche de Poutine, au final, est assez insipide.
C'est ensuite au tour de celui qui sera le proche de Poutine. Si ce personnage appartient à la fiction, il est très inspiré d'un personnage réel qui a tenu de rôle de conseiller très proche.


D'autres disent qu'ils n'ont rien appris. Ce n'est pas totalement faux, c'est une confirmation de ce que l'on se doutait mais l'intérêt réside dans l'atmosphère oppressante qui se dégage de cet environnement.
Une lecture que je suis content d'avoir faite mais qui n'a pas soulevé un intérêt passionné ni un réel élan. Je ne donnerais pas d'avis sur la pertinence ou pas de lire cet ouvrage Je laisserais le lecteur libre de son choix sans le conseiller.

Mimi62 - Plaisance-du-Touch (31) - 71 ans - 14 juin 2024


Machiavel au Kremlin 9 étoiles

Si vous vous informez depuis longtemps sur la Russie post soviétique il est probable que vous n'apprendrez rien de fondamentalement nouveau à la lecture de ce roman. En revanche c'est un très bon roman centré plus encore sur Baranov (personnage fictif inspiré d'un personnage réel) , ex-conseiller de Poutine, que sur le Tsar lui-même . Les Occidentaux n'apparaissent qu'à travers la vision que Poutine et sans doute beaucoup de Russes en ont , c'est à dire peu flatteuse. Baranov , lui , est par héritage intellectuel de son grand-père pétri de culture européenne , mais abandonne le monde du spectacle et de la culture , pour après une première étape dans le show-biz télévisuel, finalement s’immerger dans l'univers de l'action (action au Kremlin) comme Machiavel auprès du tsar. Il apporte à ce dernier des conseils plus originaux que le reste de l'entourage très soumis de Poutine.

Le démarrage du roman était un peu lent à mon goût , mais sans doute nécessaire à mettre en place toute une atmosphère. Dans l'univers glacé de ce récit , quelques notes d'humanité avec la relation amoureuse de Baranov avec Ksenia , d'amitié sans espoir avec Borodovski et surtout les deux dernières pages qui apportent de la chaleur et démentent la fascination bienveillante qu'on pourrait prêter à l'auteur pour son sujet

Nav33 - - 76 ans - 14 janvier 2024


A la gloire de Poutine ! 1 étoiles

Un journaliste se rend chez le conseiller de Poutine, celui qu’on appelle le Mage du Kremlin ; c’est lui qui va raconter l’histoire contenue dans le livre. Ça donne un roman avec Poutine comme personnage principal, le Kremlin comme décors et Moscou en toile de fond. C’est original et amusant à lire mais on n’apprendra rien de nouveau. Le Mage met en histoire ce que tout le monde a pu suivre quotidiennement dans les médias.

Mais ce que j’ai trouvé agaçant dans ce livre c’est l’éloge perpétuel et sans la moindre retenue, qui est réservé au nouveau maître du Kremlin : Poutine est plus malin que tout le monde, il est convivial, travailleur, consciencieux et finalement très sympathique…

Toutes les péripéties du règne de Poutine sont tournées en son éloge. Et même la guerre, oups ! pardon ! l’intervention militaire en Ukraine est présentée comme un trait de son génie ! Alors, trop c’est trop !
Mais nous laisserons à nos très honorés lecteurs le plaisir de découvrir les pépites de cet acabit dont ce livre est truffé. C’est du roman, bien sûr, et toutes les considérations sont permises, à condition toutefois qu’elles restent dans les limites de la vraisemblance.

On avait dit à Poutine qu’au temps béni de l’URSS, quand quelqu’un contrariait Staline, il l’offrait en sacrifice au peuple pour montrer la fermeté de son caractère. Ceux qui suivent l’actualité savent que Poutine a retenu la leçon ; mais ses méthodes sont différentes ; on ne compte plus le nombre de ses opposants qui sont tombés du sixième étage, ou qui sont morts empoisonnés par le bouillon d’onze heures, ou qui se sont suicidés de deux balles dans le dos… Tout ça n'est pas raconté dans le livre, évidemment. Poutine ne s’est pas refait, il vient des services du contre espionnage de l’ex URSS et, à mon avis, il n’est pas, comme le suggère le narrateur, un modèle de président pour le monde.

J’aurais voulu mettre quelques étoiles parce que c’est bien écrit et que je ne me suis pas ennuyé. Mais peut-on donner la moindre étoile à un panégyrique de Poutine ? Alors mieux vaut en sourire. Ne nous gâchons pas la magie de Noël à cause d’un Mage du Kremlin ! Quelques étoiles pour le plaisir de lecture et un gros zéro pour le fond.

Saint Jean-Baptiste - Ottignies - 88 ans - 29 décembre 2023


ras… poutine 10 étoiles

Le mage du Kremlin, c’est lui, Vadim Baranov : conseiller personnel de Vladimir Poutine, surnommé le Tsar, il l’assiste dans toutes ses activités politiques depuis le tout début de son règne à la tête de la Fédération de Russie. C’est même lui qui est allé dénicher ce fonctionnaire obscur, à la tête du FSB, dont il a fait l’homme le plus craint dans le plus grand état de la planète. Vadim Baranov, personnage fictif se mouvant au milieu de personnages tous bien réels, confie au narrateur tous les secrets de la politique menée au Kremlin, une politique jouant autant sur le hasard que selon des plans mûrement préparés, utilisant la force de l’adversaire pour le faire tomber selon les règles en pratique dans le judo, art martial dans lequel excelle le Tsar. Un docufiction écrit, et savamment écrit, par un fin connaisseur des activités de conseiller politique puisque que c’est son propre métier, et dans une langue française maniée à la perfection. On en apprend de belles sur les grands de ce monde et la folie de leur rapport au pouvoir. La partie finale, consacrée à la façon dont les réseaux sociaux et les sites internet voués à la soi-disant "libre expression" peuvent servir à la manipulation des masses, fait réellement froid dans le dos…

Jfp - La Selle en Hermoy (Loiret) - 76 ans - 4 septembre 2023


Actualités romancées 7 étoiles

La Russie de Poutine, ou la Russie tout court, restera un monde à part, et rien ne semble pouvoir changer les choses, même si on aurait pu dire cela d’autres nations dans d’autres époques.

Lire des romans permet de mieux comprendre le monde disait Rimbaud, mais comprendre ne veut pas dire qu’une solution à cette incompréhension ou cette rivalité des peuples qui au prix d’une identité quasi-continentale.

De grands principes de politique internationale et de la manière dont les grands dirigent le monde compléteront les enseignements d’un ouvrage qui s’inscrit dans une évidente actualité et dans un style plaisant et bien balancé.
Assurément un ouvrage à lire bien que comportant quelques petits creux.

Pacmann - Tamise - 59 ans - 24 mars 2023


Un roman pour comprendre le fonctionnement de la cour de Poutine 6 étoiles

Mais qui est Vadim Baranov ? Fut-il vraiment un élément essentiel dans l’accession au pouvoir d’un alors inconnu, un certain Vladimir Vladimirovitch Poutine ?
Un genre de baba cool, poète idéaliste devenu metteur en scène avant de faire preuve d’un incroyable talent en qualité de producteur de télé-réalité…
Lorsqu’il s’attache à celui que les Russes appellent aujourd’hui le Tzar, son ascension se fait dans l’ombre prêt à servir la grandeur de son pays grâce au seul homme capable de diriger un peuple qui n’a jamais connu la démocratie et qui a besoin de sentir un homme fort à sa tête, un homme qui veuille lui redonner sa grandeur, comme du temps de Staline, une grandeur dont l’immense majorité du peuple russe semble avoir plus envie que de tranquillité, de prospérité et de paix.

Critique :

Tout porte à croire que Vadim Baranov n’est en réalité autre que Vladislav Sourkov, qui fut le conseiller spécial de Poutine pour l’Ukraine, aujourd’hui retiré des affaires, peut-être maintenant assigné à résidence, étant en disgrâce auprès de sa majesté le tzar.
Je comprends l’engouement de nombre de lecteurs découvrant une Russie et son pouvoir politique, mais je reste très insatisfait après la lecture de ce roman. D’abord à cause de son rythme très lent, ensuite parce que je n’ai pas appris grand-chose. Pour qui suit l’information via des chaînes d’info et des journaux de politique internationale et de stratégie, l’image du tyran et de son entourage n’est pas une nouveauté. J’ai même été choqué par le côté « génial » de Poutine, grand stratège, jouant plusieurs coups à l’avance. L’image que j’en ai retirée de mes autres lectures, c’est plutôt celle d’un joueur de poker, instinctif, convaincu des faiblesses des démocraties et ne doutant pas un instant que son modèle de gouvernement soit nettement plus puissant. Il suffit de voir ce qui se passe en Ukraine pour se rendre compte à quel point le grand « visionnaire » s’est planté la poutre dans l’œil. Il a pour lui l’avantage, auprès des Russes, d’avoir effacé la « honte » d’un Gorbatchev mettant fin à l’URSS (qui était moribonde et ruinée, les Russes l’ont oublié ou l’ont toujours ignoré) et les années de méga corruption visible d’un Boris Eltsine… Mais le nouveau Czar est entouré de fripouilles qui ne valent guère mieux que les oligarques des années ’90, le nouvel imperator n’étant pas le dernier à se servir et à se faire construire un palais grandiose…

Dans le livre, il est fait allusion à cet événement qui a laissé des traces dans les mémoires, lorsque recevant Angela Merkel, Poutine laisse sa chienne, se balader et venir renifler la chancelière allemande qui avait une sainte trouille des chiens, chose que l’ancien espion ne pouvait ignorer. Son comportement de voyou ne me semble pas assez mis en évidence dans le roman, même si des faits tels que ceux-ci sont rapportés.

En bref, un livre qui fournira certainement beaucoup d’informations sur la mentalité d’une bonne partie du peuple russe, de son dirigeant, de sa cour et des oligarques, mais qui n’apportera rien de fondamentalement nouveau à celui qui suit régulièrement l’actualité politique internationale.

Saigneur de Guerre - - 66 ans - 18 février 2023


Rencontre avec Vadim Baranov 8 étoiles

« Le mage du Kremlin » est bien un roman mais en le lisant, on apprend de nombreuses choses sur la Russie, ses « tsars », l’âme russe, des personnes ayant joué un rôle dans son histoire (y compris dans l’histoire récente avec ses fameux oligarques et autres dictateurs), les conflits qui s’y sont déroulés (et qui en Ukraine, à la date où j’écris ce texte, se déroulent encore). Mais le personnage principal qui s’appelle Vadim Baranov est fictif, il a été inventé par l’auteur même si on suppose bien que Da Empoli s’est inspiré de l’un ou l’autre intrigant, espion, homme de pouvoir ayant existé dans le grand pays depuis la nuit des temps.

Je pensais que j’allais avoir une idée du pourquoi réel du conflit qui perdure à l’est de notre continent mais si cette œuvre en révèle quelques pistes, c’est surtout le cheminement d’un « spécialiste du pouvoir » auquel j’ai été confronté à travers le personnage principal.
L’humour, l’ironie et la dérision sont constamment présents et font de ce bestseller intéressant et agréable à lire une lecture à recommander.

Ardeo - Flémalle - 77 ans - 10 janvier 2023


Froid dans le dos 9 étoiles

Ce livre, que je trouve génial, est glaçant !
Le personnage central, quoique inventé, nous plonge dans l'univers plein de méandres et d'hypocrisie d'un monde fabriqué à la gloire d'un dictateur. La fausseté, le montage d'un tissu de chimères et de basses flatteries expliquent la montée au pouvoir d'un personnage, au départ, secondaire, qui va affirmer sa nostalgie d'un monde perdu et tenter de le retrouver.
La façon dont se fabrique l'illusion pour un peuple crédule et trop occupé de sa propre survie, dont on verrouille toute velléité de rébellion, dont on fait mourir toute innovation, provoque l'angoisse et on comprend mieux ce qui, aujourd'hui est une terrible réalité, dont notre passivité est aussi responsable...
Le personnage central, poète, intellectuel jouant de l'illusionnisme et pris à son propre piège est fascinant et irritant. On a envie de le secouer fort et de lui dire "regarde ce que tu as fait", mais il le sait !..
Il y a , dans ce livre, un vrai plaisir de lecture : le début est un peu lent, puis on est envoûté.
Le style est parfois épuré, parfois tarabiscoté, mais toujours fascinant.
Je fais circuler ce livre auprès de mes amis en leur promettant une belle découverte. Jusqu'ici, je n'ai que des retours positifs.
De la belle ouvrage !

DE GOUGE - Nantes - 68 ans - 7 janvier 2023


Succession de clichés 2 étoiles

J'espérais de ce livre un éclairage sur la personnalité de Poutine et les mystères du Kremlin. Il n'en est rien: ce qu'il contient est déjà dans les médias internationaux depuis au moins 20 ans: hypothèses, compte-rendus, indiscrétions, déclarations, etc. Il y a même la phrase tellement colportée sur les Tchétchènes et les chiottes. C'est dire! Donc à rejeter en bloc. Il n'est pas mal écrit, mais ne suscite intérêt à aucun moment. Désolé. J'attendais vraiment autre chose surtout après avoir entendu l'auteur s'exprimer sur un plateau de télévision.

Falgo - Lentilly - 85 ans - 28 décembre 2022