Le réveil
de Laurent Gounelle

critiqué par CC.RIDER, le 26 avril 2022
( - 66 ans)


La note:  étoiles
Manipulation mentale
Un jour, le Président fait une déclaration fracassante au pays. Il a décidé de partir en guerre contre la mort en s’attaquant à ses principales causes. La première étant les accidents de la route, il décrète, après consultation de son « Conseil de défense », ne plus autoriser que la circulation des nouveaux véhicules robotisés avec assistance à la conduite, les seuls parfaitement sûrs car exempts de toute erreur humaine, et de « confiner » les bagnoles classiques, véritables tombeaux roulants. Les médias s’en mêlent en annonçant 24 heures sur 24 et 7 jours sur sept le nombre de décès de la route avec force reportages bien sanglants à la clé. Tom, jeune ingénieur habitant un immeuble dans une lointaine banlieue, est, comme beaucoup d’autres, touché par la mesure. Ne pouvant plus se déplacer, il doit passer au télé-travail. Il vit la situation comme une privation de liberté qui dure trois longs mois et qui le fait peu à peu sombrer dans la dépression faute de rapports humains. S’ensuit l’obligation du port de la minerve pour le bien de tous bien entendu. Puis le Président passe aux excès de consommation de sucre causant diabète et maladies cardio-vasculaires. Pour mieux lutter, chacun devra se faire implanter une puce sous la peau… Et pendant ce temps, à Athènes, Christos, inquiet pour son ami Tom, décide de lui envoyer un résumé des principales techniques de manipulation mentale et de fabrique du consentement des masses…
« Le réveil » est un court roman en forme de conte philosophique dystopique très différent des habituelles productions littéraires de Laurent Gounelle. Devant le silence et la lâcheté de nombre d’artistes, il a eu le courage et le mérite de vouloir appliquer le célèbre précepte d’Albert Camus : « Les deux charges qui font la grandeur du métier d’écrivain sont le service de la vérité et celui de la liberté ». Il a pris la précaution de ne pas se focaliser sur un certain virus ni sur un certain vaccin. Il a préféré explorer d’autres dérives voisines et a même été un peu plus loin que ce que nous avons vécu : disparition de l’argent liquide, reconnaissance faciale, contrôle social à la chinoise, puçage et fichage généralisé. Tout est sourcé (importante bibliographie en annexe), intelligent, bien observé et même un brin humoristique, tant ces techniques de propagande peuvent avoir aussi bien un côté liberticide et humiliant qu’un aspect irrationnel et ridicule. Ouvrage fort bien écrit, qui se lit en quelques très courtes heures, qui donne à réfléchir et qu’il faut conseiller au plus grand nombre en espérant aider à leur « réveil ».