On n'a pas toujours du caviar
de Johannes Mario Simmel

critiqué par Tistou, le 16 avril 2022
( - 67 ans)


La note:  étoiles
Un titre qui fleure bon les années 60
Johannes Mario Simmel, juif allemand né en 1924, perdit une bonne partie de sa famille dans les camps de concentration. A la fin de la guerre il travaille comme traducteur pour l’armée américaine puis comme journaliste et scénariste en Autriche. Il publie On n’a pas toujours du caviar en 1963, qui connait un grand retentissement apparemment dans le monde entier.
On n’a pas toujours du caviar est l’histoire de Thomas Lieven pendant la seconde guerre et à l’issue de celle-ci. Thomas Lieven, au début du roman, tout Allemand d’origine qu’il est, de famille aisée, est banquier à Londres, du genre atypique, génial et flambeur, grand amateur de cuisine (qu’il réalise lui-même) et de femmes (qu’il séduit lui-même à en croire le roman). Il semblerait bien que le vrai Thomas Lieven ait été cet homme, attesté en préface par un ancien officier du 2nd Bureau. Maintenant dans quelle mesure les invraisemblables évènements qui nous sont contés sont réels ? Part du romancier ?
C’est que Thomas Lieven ne va pas rester longtemps banquier à Londres puisqu’il va se trouver très vite piégé par son partenaire dans la banque, qui va saisir la première occasion pour l’envoyer dans la gueule du loup allemand et s’emparer des actifs de la banque.
Partant de là, ce ne seront que rebondissements et changements de pieds incessants, travaillant pour les Allemands, les Anglais, les Français, pour les deux ou trois à la fois, Thomas Lieven ne mettant qu’une limite à sa collaboration avec les différents Services Secrets, contraint et forcé la plupart du temps ; pas d’action violente, de meurtre, de kidnapping ou de torture.
Ce roman a été qualifié au fil du temps « d’hybride (l’hybride est à la mode !) de James Bond et d’Arsène Lupin ». C’est exactement cela. C’est traité de manière légère, pétillante, très années 60. Un film en aurait d’ailleurs été tiré.
Cerise sur le gâteau – si je puis dire – la passion de Thomas Lieven, outre les femmes, étant la cuisine, les différentes péripéties sont émaillées de recettes très détaillées que je n’ai, hélas, pas mises en application. Il y en a pourtant de très tentantes ! Un exemple ? Cette recette « d’œufs Joséphine », ainsi nommés puisque cette recette nous est donnée à l’occasion d’une rencontre Thomas Lieven/Joséphine Baker :

»Préparez d’abord une béchamel avec 110g de beurre, 50g de farine et ¼ de l. de lait, à laquelle on ajoutera par la suite 2 jaunes d’œufs. Il est important de mélanger la farine au beurre fondu de façon que les deux restent blonds. Ajoutez le lait en remuant sans cesse le mélange. La sauce doit être assez épaisse. Incorporez les jaunes d’œufs hors du feu. Relevez la saveur avec un peu de muscade. Complétez cette béchamel avec du jambon finement haché et du parmesan râpé. Nappez-en des œufs pochés, parsemez encore de parmesan et de quelques flocons de beurre et gratinez pendant 5 minutes au four. »

Une lecture divertissante pour se replonger dans l’atmosphère de la Seconde guerre mondiale et l’immédiat après-guerre, dans une ambiance plutôt feutrée et dépourvue d’ultra violence.