Au bonheur des fautes. Confessions d'une dompteuse de mots
de Muriel Gilbert

critiqué par Ludmilla, le 10 avril 2022
(Chaville - 68 ans)


La note:  étoiles
Excellent!
Je craignais que ce livre ne soit un peu rébarbatif, mais bien au contraire, c’est un vrai régal, jubilatoire !

J’y ai appris quelques trucs :
- sur les accords du participe passé des verbes pronominaux, mon cauchemar personnel en orthographe
- Ou sur l’importance des accords des adjectifs : des vaches noires et blanches, ce n'est pas du tout pareil que des vaches noir et blanc. Les deux sont corrects, ça dépend des vaches*.

Un vrai bonheur, comme annoncé dans le titre, à lire et à relire avant de se plonger dans son Bescherelle et son Petit Robert, plus complets, mais moins drôles.

« La langue n’est pas gravée dans le marbre. […] Elle appartient à ceux qui la parlent, à ceux qui l’écrivent. Si elle est langue vivante, c’est grâce à eux. […] S’ils sont suffisamment nombreux à faire la même faute… elle devient la norme, et cesse tout bonnement d’en être une. Fautons ensemble ! »
(et c’est comme ça que les noms de métier vont bien finir par enfin se féminiser !)

« Le correcteur ne sait pas tout, mais il sait où sont les pièges, ce qu'il lui faut vérifier et où trouver la réponse rapidement. »

(*) Les vaches noires et blanches sont soit noires, soit blanches ; les vaches noir et blanc ont un pelage tacheté noir et blanc.
Quel beau métier ! 10 étoiles

Voilà un ouvrage qui devrait ravir de nombreux lecteurs ! Muriel Gilbert exerce un métier en voie de disparition puisqu’elle est correctrice. Le sous-titre à lui seul - "confessions d’une dompteuse de mots"- donne le ton du récit. Avec un humour incroyable et permanent, elle nous révèle comment elle est arrivée dans un cassetin (bureau des correcteurs et correctrices)  et pourquoi elle exerce ce métier qui ne viendrait pas à l’idée d’un enfant ni même d’un adolescent quand il envisage son
On ne voit jamais les noms des correcteurs à la fin de textes, de livres ou même de journaux.

Et c’est en nous racontant sa vie, qu’elle nous explique les règles de la langue française, mais aussi (et surtout) les exceptions à ces règles ainsi que quelques moyens mnémotechniques pour en faire le moins possible ; tout en précisant que le sans-faute est rare. "un bon correcteur corrige 90 % des mots"
Profitant de l’occasion pour nous informer/rappeler sur l’histoire passionnante de notre orthographe actuelle, de notre ponctuation. Très intéressant et utile ce paragraphe sur la ponctuation et le rôle de chaque signe, ainsi que la différence entre les guillemets anglais ( double apostrophe) et français (en chevrons)

Muriel Gilbert nous (ré)explique certaines règles d’orthographe comme le pluriel des noms de couleur nous rappelant combien la langue française est compliquée.
Les vaches noir et blanc (bicolores) les vaches noires et blanches (certaines sont blanches d’autres noires).
C’est à l’école des correcteurs, où seul un candidat sur 20 est reçu la première fois, qu’elle a appris à couper (réduire) un texte , qu’elle a appris les signes utilisés pour la correction à l’indispensable stylo rouge. Qu’elle a appris à ne pas lire le texte " Le piège pour un correcteur, est qu’il devienne lecteur. Un comble !"

Un livre instructif et passionnant qui m’a permis de revoir certaines règles, de faire la différence entre gril et grill, de découvrir un métier et de passer un bon moment. Merci Ludmilla.
"Le correcteur, c’est juste une sorte de médecin des mots mal fichus ..Je dirais même : qui aime bien les fautes corrige bien les fautes."

Marvic - Normandie - 65 ans - 9 novembre 2023