Nueve Cuatro
de Nicolas Laquerrière

critiqué par Mimi62, le 27 mars 2022
(Plaisance-du-Touch (31) - 71 ans)


La note:  étoiles
Une plongée dans les quartiers de non droits
Au coeur du 9-4, Henri, retraité veuf, seul se morfond au bord d'un secteur dominé par les actions des bandes, les trafics en tous genres. La disparition de sa jeune voisine lycéenne, qu'il aidait dans ses études, va mobiliser toute son énergie pour retrouver celle qui, finalement, reste sa seule lumière dans sa vie.

Dès les premières lignes le ton est donné.
Le lecteur est immédiatement plongé dans le quartier où les lois de la République et la police ont peu de place. L'auteur a opté pour une écriture reflétant les codes de langage de ces zones. L'effet est immédiat, on est placé au coeur de l'action, au plus près des personnages, on n'est pas dans une narration distanciée. Un choix que j'approuve totalement.
La tension devient rapidement palpable, la violence arrive crescendo mais ce n'est pas une violence gratuite à laquelle des auteurs ont parfois recours pour "pimenter" leur récit. Ici elle n'est que le reflet de la réalité.
Henri, retraité, veuf, termine sa vie en la subissant. Pas de révolte chez lui, pas d'aigreur, pas d'amertume, juste un quotidien sans intérêt.
Certes l'intrigue permet de donner une raison d'agir à Henri, mais elle est avant tout un procédé permettant un voyage dans tous les secteurs de ces quartiers, au milieu de ces bandes, des clans, des rivalités, des activités qui y règnent.
L'ajout d'un problème de succession à un chef de bande me semble également pertinent pour faire le tour des ressorts de ces milieux.
Si j'apprécie ces options, je regrette que l'auteur n'ait pas jugé bon de placer un lexique en bas de page ou en fin d'ouvrage car le lectorat auquel il s'adresse ne maîtrise pas nécessairement ces termes.
Un second regret également en ce qui concerne l'introduction des personnages. Ils mènent bien souvent double jeu ou leur comportement ne permet pas d'identifier leur appartenance à tel ou tel clan. Ces acteurs sont introduits sans présentation. On rencontre un nom et l'on se demande d'où il sort. C'est surtout au milieu du roman que j'ai eu ce ressenti, quand l'action se densifie.
En conclusion, hormis ces quelques nuances, le roman est bien construit, les personnages bien dessinés, la violence présente mais pas gratuitement.
C'est un polar qui nous conduit au coeur de ce type de milieu et pour moi, découvrir un milieu, une époque, un métier ou autre fait le point fort d'un roman policier. Tous les ingrédients sont donc réunis pour que ce livre soit une réussite à mes yeux.