Bio-objets . Les nouvelles frontières du vivant
de Céline Lafontaine

critiqué par Colen8, le 25 mars 2022
( - 83 ans)


La note:  étoiles
Toujours plus de marchandisation : des rêves et des limites
Longtemps traités comme déchets organiques du corps féminin, les ovocytes et embryons surnuméraires, le sang de cordon ombilical, les menstrues, les adipocytes extraits de la liposuccion sont dorénavant valorisés en matière première standardisée de l’industrie des bio-objets. Les premières manifestations de la bio-objectivation sont apparues il y a des décennies avec les cultures de cellules souches embryonnaires dont on attendait tant d’applications thérapeutiques prometteuses. Très fortement encadrées ensuite par les lois de bioéthique, les recherches ont conduit à la découverte des cellules souches induites pluripotentes (IPS) et permis ainsi de contourner les interdits précédents.
La biologie cellulaire, la génomique, le génie génétique ont fait avancer les connaissances sur le règne du vivant en commençant par les OGM destinés aux cultures intensives, aux industries agro-alimentaire et pharmaceutiques, sans toutefois en maîtriser la complexité réelle. Par la suite s’est mise en place ce que Céline Lafontaine appelle « la civilisation in vitro ». Dorénavant les cultures cellulaires vont jusqu’à l’impression 3D pour créer des tissus biologiques destinés aux tests de produits cosmétiques et de médicaments. A terme il est bien évidemment question de recréer des organes complets biocompatibles afin de satisfaire la demande explosive pour les greffes d’organes défaillants.
Commercialisés par millions dans le monde entier ces bio-objets issus du règne du vivant conservent un fonctionnement trop complexe pour en faire des produits industriels et les reproduire à grande échelle. Néanmoins leurs propriétés de plasticité, de conservation cryogénique longue durée, les capacités de découpage des gènes à l’aide des « ciseaux » CRISPR-Cas9 les ont fait entrer dans l’économie marchande. Et surtout les bio-objet entretiennent les rêves de médecine régénératrice, de médecine personnalisée, de vieillesse en bonne santé en attendant les bio-modifications susceptibles de généraliser le transhumanisme, d’entrer dans la biologie de synthèse et plus tard qui sait d’aboutir à l’immortalité…
Site et magazine de bioéthique, label de la fondation Lejeune, parmi d’autres sources : https://www.genethique.org