La Malédiction du chat hongrois
de Irvin Yalom

critiqué par Monocle, le 17 mars 2022
(tournai - 64 ans)


La note:  étoiles
La fable du chat hongrois
Le grand Maître a écrit des perles, celle-ci est plutôt analytique. Son travail de psychiatre se concentre sur l'accompagnement de femmes atteintes du cancer du sein au stade incurable. le sujet est donc la mort sous toutes ses coutures. Si vous acceptez ce genre de littérature et que le sujet de la fin de vie ne vous répugne pas, l'invitation est lancée. Sinon, passez votre chemin, il y a tant de choix.

D'abord... le rêve !
C'est une terre fertile et une idée fixe chez les psychothérapeutes !
Voici la version d'Irvin : " j’ai souvent imaginé le tisseur de rêves comme un homoncule grassouillet et jovial, menant la belle vie dans une forêt de dendrites et d’axones. Il dort le jour, mais la nuit, allongé sur un coussin de synapses vibrantes, il boit de l’hydromel et tisse paresseusement des séquences de rêves pour son hôte."
Nous voilà illuminé par une chandelle vacillante... soit !
Mais la grande question est de savoir si un deuil se finit un jour ou est une croix à porter jusqu'au terme de son existence propre ?
Et puis le docteur s'attache à quelques unes de ses patiente. Elles lui apprendront une réalité bouleversante
:"Dans le passé, j’avais donc en général repoussé les pensées de mort dans un recoin de ma conscience. Mais mon travail avec I. ne m’y autorisait plus. Les heures que je passais avec elle augmentaient sans cesse non seulement ma sensibilité à la mort et ma certitude que la vie était précieuse, mais aussi mon angoisse de la mort. Plus souvent que je peux le dire, je me retrouvai à broyer du noir en pensant que son mari avait été frappé à quarante-cinq ans alors que plus jamais je n’aurai soixante ans. Je sais que je suis entré dans la zone de la mort, le temps de la vie où je pourrais m’éteindre à tout moment.
C'est donc en suivant les thérapies de trois patient(es) que l'auteur concocte son message principal sous la forme d'une fable,

Voici les particularités du chat hongrois... Sa couleur : différentes nuances de froment-doré, plus foncée au niveau des oreilles. Sa tête : sèche, pleine de noblesse, bien proportionnée. Le crâne est de largeur modérée et un peu bombé et le stop modéré. La truffe est large, les narines bien ouvertes, le museau tronqué et non pointu. Bref. Un chat !
Comme tous les chats, il a neuf vies mais la particularité du chat hongrois c'est qu'il peut poursuivre ses rancunes d'une vie à l'autre !
Quand le chat demanda au psy : "Comment peux-tu prendre plaisir à n’importe quelle partie de ta vie, à n’importe quelle activité, alors que la mort t’attend et que tu n’as qu’une vie ? ".
- "« J’ai appris dans mon travail, répondit le psy que ceux qui craignent le plus la mort sont ceux qui s’en approchent avec trop peu de vie non vécue en eux. Il vaut mieux tout utiliser de la vie. Ne laisser à la mort que des miettes, les cendres d’un château. »

Qu'en penser ?
Je dois bien admettre que les descriptions de séances de psychanalyse sont un peu rébarbatives, mais Irv est un conteur et je pense que tout cela préparait une fin magistrale. La lecture m'a subjugué... un grand moment.