La dernière neige
de Hubert Mingarelli

critiqué par Tistou, le 21 septembre 2004
( - 68 ans)


La note:  étoiles
Drôles d'envies
Texte "Mingarellien" à la frontière de l'absurde et de l'insignifiant. Point d'action trépidante, plutôt de petites touches délicates sur les états d'âme d'un garçon dont le père se meurt doucement, dont la condition matérielle est bien modeste, qui gagne quelque argent avec un job pas banal non plus, et dont le fantasme moteur de sa vie, à ce moment, se résume à rassembler assez d'argent pour acheter un milan (l'oiseau) en cage, mis en vente chez un brocanteur? De la difficulté à tuer des petits chats et des chiens, et régulièrement ce retour auprès du père qui se meurt ...
Ca se lit très vite et très bien. Introspections en douceur.
Papa, le milan et la neige : une envolée poétique 8 étoiles

Il travaille à l'hospice avec le gardien Borgman pour gagner trois sous. Et il y l'oiseau,le milan, son rêve d'enfant. Une envie simple et forte envie de le posséder. Puis il y a Papa souffrant à qui il a promis de montrer le milan.
Le décor est planté : un pays de neige sans lieu ni nom ni personnage et ce fils transcendé par l'oiseau qui par son imagination galopante tisse un fil de vie immuable avec son père.
Ce récit teinté de poésie nous livre une tranche de vie magnifiée par l'imaginaire d'un fils.

Lalige - - 50 ans - 9 novembre 2014


intemporel et universel 6 étoiles

La grande simplicité de l’écriture de Mingarelli est un peu déroutante. Elle crée une atmosphère de mystère et tous ses non-dits donnent envie d’en savoir plus. On avance donc dans le livre sans même s’en rendre compte. Dans la dernière neige, un jeune homme, on ignore son âge, l’endroit où il vit, gagne un peu d’argent pour aider ses parents en promenant les vieux de l’hospice ou en noyant des portées de chatons juste nés. Une moitié de l’argent est réservée à son rêve : acheter le milan, cet oiseau en cage qu’il voit chaque jour sur le trottoir d’un brocanteur. Cet oiseau sera aussi, dans l’imaginaire du récit de sa capture d’abord puis dans la réalité de sa cage dans la maison, un lien très fort entre l’adolescent et son père qui se meurt. L’absence de la mère toutes les nuits (va-t-elle se prostituer pour rapporter un peu d’argent ?), la maladie du père, la longue marche initiatique du fils vers la colline avec une chienne à perdre, on n’en sait guère plus sur cette famille que l’écriture resserre dans une pudeur extrême. On ne saura jamais ce lien étrange entre la mère et son fils, bien que cette phrase extraite du roman soit placée en quatrième de couverture comme une invite : « Et lorsqu’elle a commencé à dire ces choses à propos d’elle et moi, et dont je n’ai pas envie de me souvenir, j’ai déroulé devant mes yeux ce long et majestueux vol plané de mon milan. » J’aime d’ordinaire les livres dont la forme est plutôt elliptique, laissant la part belle aux silences qui en disent long, mais là, il en manque un peu trop quand même, pas dans l’histoire, qui a un début un milieu une fin, mais dans l’ensemble, qui laisse trop de champs possibles. Sans doute ne sont-ils l’essentiel du texte, on sent bien la force du lien père-fils et le chemin qui le mène vers la mort inéluctable, mais pour ma première lecture de Mingarelli, j’en reste un peu déconcertée, attirée par le mystère mais pas éblouie.

Laure256 - - 52 ans - 24 juillet 2005