La promesse de Lily
de Lily Ebert, Dov Forman

critiqué par Missef, le 17 février 2022
( - 58 ans)


La note:  étoiles
Un témoignage précieux
Présentation de l'éditeur :
En 1945, lorsque le camp d'Auschwitz est libéré, Lily est maigre, sale et à peine vivante. Ému, un soldat américain lui donne un petit mot : « Bonne chance et sois heureuse ».
Soixante-quinze ans plus tard, l'arrière petit-fils de Lily décide de retrouver la famille de soldat grâce aux réseaux sociaux. Un formidable élan de solidarité se met en place partout dans le monde. Grâce à cette médiatisation inattendue, à 96 ans, Lily va enfin pouvoir tenir la promesse qu'elle s'était faite à Auschwitz : dire la vérité sur l'horreur des camps.
Dans ce livre, elle raconte la faim, le froid, la violence, les cris des kapos, la déshumanisation absolue. Et partout, la mort. Mais elle raconte aussi comment, malgré cette souffrance, elle a réussi à survivre puis à se reconstruire. Et même à être heureuse, en dépit de cette infinie douleur qui l'a accompagnée toute sa vie. Un témoignage unique qui donne enfin une voix à des millions de victimes silencieuses.


Mon avis :
A la faveur du confinement, un petit-fils (Dov Forman) décide de plonger avec son arrière-grand-mère dans ses souvenirs traumatisants de déportée de la Seconde Guerre mondiale. S'ensuit donc le récit des souvenirs de Lily, depuis son enfance heureuse en Hongrie jusqu'aux dernières années à Londres. Dans l'intervalle, elle aura été déportée (à Buchenwald et à Auschwitz), envoyée avec un convoi humanitaire reprendre des forces en Suisse, avant d'émigrer en Israël, puis de s'établir finalement à Londres en raison de la maladie de son mari. Si les chapitres retraçant les dernières étapes de sa vie sont moins intéressants, ceux qui relatent son existence jusqu'à son établissement en Israël s'avèrent absolument poignants, mettant notamment l'accent sur les années méconnues du retour à la normale après le traumatisme. Avec le recul, on a tendance à penser que les difficultés ont cessé dès lors que l'armistice a été signé et les prisonniers libérés des camps, mais La Promesse de Lily nous montre avec une sensibilité dénuée de sensiblerie les nouveaux problèmes et les défis qui se sont posés aux victimes des atrocités nazies. Un témoignage précieux.
Promesse tenue ! 9 étoiles

Nombreux sont les témoignages des rescapés de la Shoah, poignants, affreux et portants à des méditations pessimistes sur le genre humain, mais celui-ci, même s’il invite une fois de plus à s’interroger sur la façon dont on serait capable de se comporter, confronté à ce genre d’événements, présente la particularité d’éclairer la personnalité impressionnante de force et de résilience de la narratrice. Lily Ebert époustoufle le lecteur par sa capacité à lire les situations et à y trouver la réponse la plus conforme à ses objectifs, attitude qui lui a très certainement valu de conserver la vie, à travers des événements pénibles quand ils n’ont pas été affreux.
Par ailleurs, ce témoignage présente une partie centrale absolument passionnante, celle qui commence à la libération des camps pour s’attacher ensuite aux années qui ont suivi la fin de la Seconde Guerre mondiale. Nous découvrons des êtres déracinés, ayant tout perdu, aussi bien sur le plan matériel que sur le plan relationnel (la famille et les proches ont été décimés), qui doivent trouver en eux la ressource pour continuer. Lily, qui a réussi à sauver ses sœurs à travers les épreuves atroces de la déportation, choisit d’aller s’établir en Israël et le lecteur découvre avec un grand intérêt ce qu’a pu être la vie des premiers Juifs rescapés de la Shoah qui sont venus s’installer dans ce pays.
On se prend même à regretter de n’avoir pas plus de détails sur ces années-là qui, pour avoir vraisemblablement été dures, n’en ont pas moins été pleines d’un appétit de vivre moins pesant à raconter que les mois d’internement dans les camps. Quoi qu’il en soit, cette Promesse de Lily vaut vraiment le détour… pour ne jamais oublier.

Reginalda - lyon - 57 ans - 4 décembre 2022