481-888: La France avant la France
de Geneviève Bührer-Thierry, Charles Mériaux

critiqué par Colen8, le 14 février 2022
( - 82 ans)


La note:  étoiles
Un seul royaume pour des Gallo-romains, des Francs, d’autres Germains et des Bretons
A partir des récentes découvertes de l’archéologie préventive et d’une imposante bibliographie les historiens revoient l’état de La Gaule entre l’avènement de Clovis, roi des Francs et la prise de pouvoir de la dynastie capétienne. Loin du nationalisme bêtifiant du « nos ancêtres les Gaulois » seriné à l’école depuis Napoléon III il y a beaucoup à apprendre de ces quatre siècles remis en perspective allant de l’Antiquité tardive au Moyen Âge. Avant l’unification territoriale entreprise par Clovis et ses successeurs mérovingiens La Gaule se présentait ainsi :
- une culture et une langue romano-latines acquises depuis 500 ans après la conquête de Jules César, entre les mains d’une noblesse sénatoriale de grandes familles sachant lire et écrire le latin, culture jugée hautement désirable par les migrants successifs qui l’intègrent facilement à leurs coutumes,
- le « royaume romain » du roi latin Syagrius, réduit grosso modo au bassin parisien,
- une mosaïque de migrants germano-celtiques vite mélangés aux gallo-romains locaux que sont les Wisigoths en Aquitaine et Provence, les Burgondes en Bourgogne débordant vers la Suisse romande et le couloir rhodanien, les Francs saliens et rhénans installés en Flandre et dans la boucle de l’Escaut, les Bretons en Armorique fuyant le sud de l’Angleterre envahie par les Angles et les Saxons,
- la religion chrétienne généralisée dans l’Empire romain, déjà déchirée entre le dogme de la divinité du Christ décrété par l’Eglise au concile de Nicée et l’arianisme jugé hérétique des peuples germaniques ; ce sont le christianisme et la poursuite de l’évangélisation des païens ruraux qui ont vu se multiplier des évêchés et se fonder quantité de monastères aussi représentatifs de centres de pouvoir que ceux des puissantes familles laïques ralliées non sans combats à la royauté hégémonique et sacrée instituée par Clovis.
La dynastie carolingienne a cru devoir justifier l’éviction des Mérovingiens par Pépin le bref, père de l’empereur Charlemagne, en affichant une soi-disant supériorité militaire et morale sur les descendants de Clovis très affaiblis par des guerres de successions survenant génération après génération. Pour consolider son expansion vers l’est et le nord, détournant ainsi le royaume de la séculaire influence méditerranéenne elle est même allée jusqu’à revendiquer une origine troyenne fantasmée des Francs, un mythe déjà utilisé par l’Empire romain après Virgile pour fédérer ses peuples hétérogènes. En parallèle les Carolingiens n’ont eu de cesse avec l’appui des moines et des évêques de convertir les peuples soumis creusant dans leur sillage les racines chrétiennes d’une grande partie du territoire européen.
Ceci n’est que le bref aperçu d’un riche héritage et de liens très anciens. Il semble souhaitable de continuer à les partager avec nos voisins et amis de la péninsule ouest-asiatique. Des compléments annexes et des appendices ne manquent pas pour débrouiller les fils complexes d’une Histoire encore sujette à controverses par bien des aspects. On trouve donc : chronologie, généalogies, bibliographie, index des noms, glossaire des termes, notes. Cette série « Histoire de France » comporte 13 volumes dont 3 disponibles en Folio pour le moment - https://folio-lesite.fr/Toutes-les-actualites/…