Victime 55
de James Delargy

critiqué par Septularisen, le 29 janvier 2022
( - - ans)


La note:  étoiles
DEUX SUSPECTS. DEUX VERSIONS IDENTIQUES. UN SEUL SERIAL KILLER…
Au début de l’histoire nous sommes en 2013, à Wilbrook, une petite ville d’un millier d’habitants, perdue au fin fond de la campagne d’Australie-Occidentale, au Sud-Ouest de Sydney. Nous faisons la connaissance de Chandler Jenkins, 32 ans, le shérif de la ville et de sa petite équipe de 5 policiers.

Tout irait bien dans le meilleur des mondes pour la petite troupe, - qui n’a d’habitude que quelques affaires de vol et de violence domestique à régler -, sauf que ce matin-là, se présente au poste de police, un homme d’une trentaine d’années qui dit s'appeler Gabriel. Il est en loques, et couvert de sang. Très vite il raconte avoir été enlevé pendant qu’il faisait de l’auto-stop, et ensuite avoir été séquestré dans une cabane au milieu des collines, par un tueur en série. Celui-ci se prénommé Heath, et s’apprêtait à faire de lui sa 55ème victime! Gabriel a réussi par miracle à lui échapper et à chercher refuge au poste de police, le tueur étant toujours à sa poursuite…

Une fois Gabriel mis en sécurité, Chandler s'apprête à lancer une gigantesque chasse à l'homme, avec des renforts venus de la ville… Sauf, qu’un fermier du coin lui amène au bout de son fusil, un autre trentenaire, qu’il a surpris en train d'essayer de lui voler sa voiture. Celui-ci dit se prénommer Heath est couvert de sang et dit avoir tenté de voler la voiture pour échapper à un serial killer qui l’a enlevé pendant qu’il faisait de l’auto-stop et séquestré dans une cabane au milieu des collines... Et qui s’apprêtait à faire de lui sa 55ème victime… Son nom? Gabriel!

Très vite le sergent Chandler et sa petite troupe se retrouvent devant un dilemme inextricable!
Lequel des deux dit la vérité? Lequel des deux est le tueur? Lequel des deux est la victime? Lequel des deux est le coupable, puisque leurs histoires sont identiques?..

«Victime 55» est le premier livre de l’irlandais James DELARGY et, il faut le dire, a tous les «défauts» d’une première œuvre. C’est bien écrit, dans un langage simple et accessible, très agréable à lire. Les pages se tournent presque toutes seules, et on veut connaître la suite de l’histoire. Les descriptions de la nature sauvage de l’Australie, des grands espaces, du soleil, du désert, de la poussière sont très belles. Il n’y a rien à redire sur le côté «Nature Writing» du roman.
Par contre la description et la profondeur psychologiques des personnages est poussée au paroxysme et cela n’aide en rien la lecture du roman! Pourquoi p. ex. nous faire «subir» des dizaines de pages sur plusieurs chapitres, pour nous expliquer le passé, - ou plutôt le passif -, entre les deux policiers? Un simple chapitre complet n’aurait-il pas été suffisant?
Il y a des poncifs vraiment trop classiques pour un polar: le bon flic, et le méchant flic - qui comme par hasard est en couple avec l’ex-femme du bon flic -, le méchant psychopathe aussi ingénieux qu’intelligent, et l’innocent qui n'arrive pas à le prouver et que personne ne veut croire, etc etc…

Je pense toutefois, que le plus grand problème de ce livre réside dans l’histoire qui nous est contée. Disons-le tout de suite, l’idée de départ est très originale, c’est même ce qui m’a convaincu à lire ce livre. Malheureusement, l’histoire est mal développée, cela tourne très vite en rond! L’ennui s’installe très vite, l’histoire étant souvent (très) répétitive. On devine l’histoire, on devine facilement le coupable (non, n’insistez pas je ne vous dirai pas qui c’est!..), contrairement aux policiers du roman d’ailleurs qui semblent avoir de la me*de dans les yeux! On devine même la fin, et désolé mais ce n’est pas ce que je demande, ni ce à quoi je m'attends d'un bon polar! Franchement? Si le roman faisait cent pages en moins, personne ne se serait aperçu de rien!
Et puis, il y a aussi les (in-)évitables(?) erreurs qui gâchent la lecture: P. ex. Pg. 112, Chandler demande à son subordonné de vérifier si aucun tracteur n’a été volé? Franchement M. DELARGY un tueur en série volerait un tracteur pour s’enfuir d’une ville, située à cent kilomètres du lieu habité le plus proche? Ou bien encore, Pg. 285, comment Gabriel fait-il pour savoir exactement quelle est la preuve que les policiers ont trouvée, puisque personne ne lui a dit et qu’il était à l’autre bout de la scène de crime au moment où les policiers l’ont trouvée? Etc etc...

La fin tourne un peu au ridicule, tellement elle est «capillotractée», on a juste envie de dire c'est bon, "STOP", on n'y croit plus une seconde! C'est trop bâclé, et beaucoup trop précipité par rapport au reste du roman! Mais enfin, les deux policiers ont passé plusieurs semaines avec le coupable 11 années plus tôt et ils ne le reconnaissent à aucun moment? Ou encore, ils découvrent simplement en marchant des cabanes en fer, qu'ils n'ont jamais vues, surgies de nulle part au milieu des collines (Pg. 505)? Alors que toute la zone à été fouillée par satellite et avec des drones? Alors que Chandler est originaire de cette région, y a passé toute sa vie, et l'a arpentée dans tous les sens? Absolument pas crédible un seul instant!

Je finis donc le livre très déçu! Pour moi c’est loin, très loin, du chef d’œuvre absolu du «polar», qu’on nous avait annoncé. J’ai pourtant lu des critiques très dithyrambiques un peu partout sur la toile (et aussi ailleurs…), sur ce livre. Mais au final, non! Désolé je n’ai vraiment pas «accroché»!