Les illusions perdues de l'Amérique démocrate
de Christophe Le Boucher, Clément Pairot

critiqué par Colen8, le 27 janvier 2022
( - 83 ans)


La note:  étoiles
En attendant les élections de mi-mandat
Une vaste enquête électorale de Fox News au soir de la victoire de Donald Trump (2016) fournit l’une des clés de la politique intérieure américaine. Plus des deux tiers des citoyens (65 à 71%) hostiles à l’idéologie des Républicains sont favorables à la hausse du salaire minimum fédéral, à la nationalisation de l’assurance maladie, à des investissements massifs contre le réchauffement climatique. Les enquêtes d’opinion ont confirmé la montée d’une gauche progressiste en marge des Démocrates dont les cadres et l’establishment restent inféodés aux lobbies et aux donateurs de leurs campagnes. Divers mouvements de jeunes activistes crédités de succès indéniables sont mobilisés pour sortir du néolibéralisme et transformer les institutions. Pragmatiques car ils soutiennent aux élections les candidats démocrates ralliés à leurs idées, ils font ressortir le paradoxe du vote trumpiste.
La stratégie républicaine dictée par l’ancien président consiste à infléchir la politique des Etats-Unis dans un sens qui lui reste favorable. Son parti sait utiliser à fond les pouvoirs locaux dans les états qu’il gouverne. Les modes d’action retenus pour laisser l’oligarchie des super riches (1%) dicter leur loi aux autres (99%) consistent à biaiser ces mêmes institutions. Tous les moyens sont bons pour gagner la prochaine présidentielle, ce qui veut dire aussi conserver des majorités au Congrès et à la Cour Suprême. Le paradoxe est effrayant pour une démocratie qui laisse par exemple :
- restreindre l’accès au vote par des découpages alambiqués de circonscriptions, d’autres conditions difficiles à contourner, des purges injustifiées de citoyens sur les listes électorales
- opérer le racialisme anti-noir, anti-latino, anti-immigré des puissants syndicats de polices locales au nom de la sécurité
- déformer l’information des médias traditionnels appartenant pour la plupart à une poignée de milliardaires conservateurs qui ne se privent pas de matraquer l’opinion.
La campagne au cours de laquelle Joe Biden et Kamala Harris ont été investis par défaut avait vu le retour en force de Bernie Sanders à cette primaire 2020, lui qui s’était illustré face à Hillary Clinton quatre ans auparavant. Ayant rallié à lui des réseaux associatifs et numériques de ces jeunes entrés en résistance très actifs sur le terrain il ne cesse de les accompagner dans leurs revendications visant rendre la vie des citoyens américains plus démocratique et moins inégalitaire. Les élections de mi-mandat de novembre prochain seront particulièrement significatives à cet égard.