Biotope et anatomie de l'homme domestique
de Philippe Annocque

critiqué par Débézed, le 25 janvier 2022
(Besançon - 76 ans)


La note:  étoiles
L'homme et son milieu en aphorismes
L’auteur a écrit, sur je ne sais plus quel forum, à propos de ce recueil : « tout est dans le titre ! » Je suis presque d’accord mais pas tout à fait cependant. En effet le titre n’évoque nullement le contenu littéraire de ce recueil qui pour une fois quitte les sentiers habituellement fréquentés par Philippe : les récits oulipiens dans lesquels il faut débusquer, sans toujours y parvenir, les contraintes qu’il aime y glisser. Ce tire n’évoque pas non plus les aphorismes qui constituent le contenu du texte, les jeux de mots, les très nombreux traits d’esprits, le détournement des mots, l’utilisation des mots dans plusieurs acceptions, les expressions drôles, les définitions hilarantes, les très nombreux mots rares qu’il chéri particulièrement, etc… Il faudrait aussi évoquer les intentions qu’on ne peut que soupçonner : le plaisir pris par l’auteur à jouer avec le langage, à bousculer le dictionnaire académique, à enjouer le lecteur mais aussi à l’égarer sur de fausses pistes, à élargir le fameux champ des possibles des mots et des diverses combinaisons dans lesquelles on peut les associer, etc…

Pour l’exemple, j’ai noté quelques aphorismes dans lesquels l’humour, l’ironie, la malice, l’esprit, l’adresse, la subtilité, la culture, …, de l’auteur m’ont particulièrement séduit. Avec ses aphorismes, il dépeint le sujet, l’homme, sous plusieurs aspects et notamment sur ce qu’il est et ce à quoi il fait penser :

« L’homme est un kangourou qui ne saute qu’à l’occasion et range son portefeuille dans sa poche ».
« L’homme est un manchot rarement empereur avec deux bras sauf accident ».
« L’homme est un cerf qui a honte que des bois lui poussent ».

Il décrit aussi les particularismes de son anatomie :

« Le cou ne sert qu’à ce qu’on le coupe ».
« C’est vrai le bassin n’est pas étanche ».
« Mais bien sûr le cerveau est une éponge ».

Et le monde dans lequel il évolue :

« L’écrivain choisit son papier peint surtout par angoisse de la page blanche ».
« On n’arrête pas le progrès : le même escalier monte à l’étage et descend au rez-de-chaussée ».
« La cuisine américaine aussi est un concept très apprécié des Français qui toutefois préfèrent souvent ne pas y goûter ».

Après avoir dégusté cette belle ration d’aphorismes, « … n’oubliez pas de fermer la page en sortant ».