Au bonheur des morts
de Vinciane Despret

critiqué par Lobe, le 26 janvier 2022
(Vaud - 29 ans)


La note:  étoiles
Deuil pour deuil, an pour an
Vinciane Despret, je l'avais entendue plusieurs fois à la radio, où elle était invitée à parler d'animaux en tant que philosophe, et plus précisément en tant "philosophe de l'éthologie".

Plus récemment, je l'ai découverte avec plaisir dans un programme court d'Arte, Les idées larges. Elle y intervenait sur une question que je ne me posais pas vraiment en ces termes : "Et si on ne faisait pas son deuil ?". Cet entretien vivant, que je vous conseille, m'a donné très envie de lire le livre auquel elle se réfère, et qui est donc Au bonheur des morts.

Dans ce texte de 2015, Vinciane Despret a réussi deux choses (au moins !). Déjà, elle offre un passionnant et très abordable récit de ce en quoi a consisté son travail de philosophe, et une belle synthèse de la littérature qu'elle a pu rassembler sur ce qu'elle a cherché à faire : montrer les puissances des morts dans leurs relations aux vivants. Ensuite, elle tisse avec beaucoup de délicatesse et de précision les histoires qui sont venues à elle. Ce ne sont pas des histoires de fantômes. Ce sont des fragments polyphoniques autour de cette qualité d'être que gardent ceux qui ne sont plus, pour peu que les vivants qui traitent avec eux laissent la porte de l'irrationnel un peu entrebâillée.

Ce qu'elle dit et propose autour des parcours de ceux qui ne "font" pas tout à fait leur deuil, ces récits des actes (p)osés par les vivants pour donner à leurs morts leur juste place, je l'ai beaucoup aimé. D'où cette critique, pour ceux qui restent, et leurs morts qui n'en démordent pas.