Le foyer universel
de Nicolas Saeys

critiqué par El Gabal, le 17 janvier 2022
(Strasbourg - 36 ans)


La note:  étoiles
Parousie
Le « foyer universel » qui n'est pas sans rappeler la communauté du pain et du vin si cher à Hölderlin constitue une célébration en paroles et en actes de la vie dans son infinie foisonnement. « La poésie de la vie quotidienne » est celle qui invite à conjuguer l'instant à l'éternité. Les axiomes et citations datant de 2019/2020 ne sont pas ainsi sans rappeler William Blake et ses « proverbes de l'enfer ». Je donne pour exemple celui-ci :

Qui tue une fourmi fuit un dragon

Comme pour rappeler l'union de toutes les formes de vie, du visible à l'invisible, à savoir précisément ce que la poésie révèle !

Les poèmes de Nicolas Saeys, qui constituent le cœur vivant et vibrant de l'ouvrage, allient la parfaite maîtrise de la prosodie à la fulgurance de l'inspiration, foudre dont le poète se laisse tantôt saisir ou dessaisir, par la puissance du feu de l'extase qui ouvre ainsi aux plus hautes révélations : le monde « sensible » et le monde « intelligible », pour reprendre des catégories chères à Platon, trouvent alors à s'épouser dans la matière même du réel. Le réel qui est l'épreuve de vérité. La poésie qui en est le lieu.

Outre ses propos théoriques qui visent à expliciter la démarche poétique, le poète éclaircit pour nous ce qui figure à l'horizon : la réconciliation de tous les genres et de tous les hommes au sein d'une communauté où le Christ n'est absent que parce qu'il est présent en chacun de nous. « Parousie universelle » pourrait être l'autre nom de cet ouvrage magnifique qui forme la quintessence même de toute expérience poétique authentique, partant qu'elle le sont toutes, car mues par la puissance éternelle de l'amour. Un livre que je recommande donc vivement afin de faire rutiler le feu de la plus vive espérance au cœur même des ruines...

Julien Miavril