Odeurs de bestiaires
de Fabienne Lorant

critiqué par Débézed, le 15 janvier 2022
(Besançon - 76 ans)


La note:  étoiles
Odeurs de fauves ou de camphre
Fabienne Lorant est une nouvelle venue chez le Cactus mais c’est une plume rompue à tous les exercices de l’écriture, elle a été journaliste et désormais elle est attachée de presse ce qui l’amène à écrire beaucoup, des textes allant de quelques lignes à de nombreuses pages comme le signale son éditeur. Mais, d’après ce que j’ai lu, j’ai l’impression qu’elle a trouvé dans la collection Microcactus son domaine d’élection. Elle excelle réellement dans l’art du texte court et percutant, ses récits sont vifs, alertes, ses formules sont toujours bienvenues et percutantes, son ton est souvent drôle enjoué tout en étant satirique ou ironique. Elle a l’art d’amener le lecteur vers une chute des plus imprévisibles.

Dans ce recueil elle propose des micro nouvelles surréalistes, drôles, fantastiques, incongrues, satiriques, piquantes, … Celle-ci, l’une de plus courtes m’a bien fait rire, alors je la partage avec vous :

« Palpitations, souffle raccourci, fourmillements, sensations de vibrations, brouillard cérébral …. Certes, mais le coït long est beaucoup moins désagréable que le covid long ».

Certains de ces textes pourraient, à mon humble avis, figurer dans un recueil d’aphorismes, comme celui-ci par exemple :

« Déterminer quelle patte lève le scolopendre lorsqu’elle fait pipi demeure un des grands mystères de la science ».

Je voudrais aussi souligner l’art avec lequel elle manie l’assonance et l’allitération, pour elle ça semble un jeu auquel elle s’adonnerait avec un grand plaisir :

« Quand le Népalais poilu n’est pas là, le Chinois chauve chipote. C’est cochon d’Inde, non ? ».

Ces textes sont aussi bourrés d’allusions toutes plus subtiles et fines les unes que les autres.

Bien que nous ne soyons qu’au tout début de cette nouvelle année, je crois que je vais réserver un coup de cœur 2022 pour ce recueil qui m’a séduit en tout point : finesse, allégresse, vivacité, humour, drôlerie et l’auteur fait preuve d’une belle culture, d’une grande habilité dans l’art de l’écriture et elle sait verser une petite rasade d’acidité quand c’est nécessaire. J’aime ces textes sucrés et acidulés comme des bonbons !