Code 612 : Qui a tué le petit Prince ?
de Michel Bussi

critiqué par Bluewitch, le 15 janvier 2022
(Charleroi - 44 ans)


La note:  étoiles
Enquête au coeur du conte
Ô combien le Petit Prince aura fait couler de l’encre… Tant parmi ses admirateurs que par son nombre d’impressions, de traductions, de conjectures… 2021 aura été l’année de la commémoration de la disparition mystérieuse d’Antoine de Saint-Exupéry, il y a 75 ans. Nombreuses hypothèses ont été émises, certaines écartées, certaines officialisées, mais aucune ne semble satisfaisante, même armée de quelques traces matérielles pour la confirmer.

Michel Bussi s’empare de ce parcours hors-norme de l’écrivain-aviateur et le met en parallèle à la mort, fictive ou réelle, de son si célèbre petit héros. Dans une enquête qui s’habille du conte initial, il emmène deux protagonistes (un aviateur et une jeune détective au nom et aux allures de renarde), à travers un voyage « initiatique » et parfois périlleux, à la rencontre des membres du Club 612, fans absolus du « Petit Prince ». Et parmi ces membres, on retrouve bien évidemment un businessman, une vaniteuse, un allumeur de réverbères, un roi, un buveur, un géographe… chacun campé sur son île. Ces derniers se penchent depuis des années sur cette question fondamentale : qui a tué le Petit Prince ? Le Serpent, vraiment ? Et à travers cette interrogation, se glisse évidemment l’énigme de la disparition de l’écrivain qui l’a fait naître.

Sur un plan purement littéraire, j’ai parcouru ce roman entre curiosité et agacement, surtout dans ces moments où les parallèles faits avec l’histoire du Petit Prince étaient parfois un peu trop « gros » et manquaient de fluidité. Il n’est pas évident de vouloir se glisser dans les chaussures du géant pour parcourir le monde dans les bottes de 7 lieues… Si je me suis laissée toucher par les faits historiques et leur intrication dans le conte initial, si je me suis laissée intriguer par la fin tragique et floue de Saint-Exupéry, si j’ai été séduite par certaines théories ayant poussé dans le terreau de sa disparition, force m’est de constater que j’ai trouvé l’ensemble parfois un peu opportuniste et facile. Même si le fait de savoir que les droits d’auteur engrangés par cette parution iront directement à la fondation Saint-Exupéry pour la Jeunesse a quelque peu atténué ce ressenti…

Je retiendrai positivement de cette lecture des éclats de poésie, des images parfois émouvantes et oniriques, ce rappel à prendre soin de la beauté et de ce qui compte vraiment, un plaisir simple à me laisser balader dans les différentes hypothèses et autres rebondissements (mêmes rocambolesques). Je remercierai aussi cette invitation à relire (encore) ce conte intemporel. A aimer, à m’émerveiller. L’aboutissement est lui aussi décalé, lyrique, romantique, nostalgique et touchant.

C’est mon premier Michel Bussi, j’irai donc papillonner dans un autre de ses romans pour voir si lui et moi on est faits pour s’entendre…