Et l'Évolution créa la femme
de Pascal Picq

critiqué par Colen8, le 10 janvier 2022
( - 82 ans)


La note:  étoiles
La longue invisibilité des violences subies par les femmes
Quand l’anthropologie sociale et l’anthropologie biologique se tournent délibérément le dos que reste-t-il ? Des montagnes de préjugés toujours actuels qui n’ont cessé de pourrir la vie des femmes depuis, depuis … personne n’en a la moindre idée ! L’éthologie comparée centrée sur les lignées de singes dans l’Ancien et le Nouveau monde révèle un large spectre de comportements sociaux : plus ou moins égalitaires, plus tolérants ou au contraire violents, tantôt le pouvoir dévolu aux femelles apparentées, tantôt la phallocratie des groupes de mâles coercitifs, la monogamie socio-sexuelle ou diverses formes de polygynie et/ou de polygynandrie.
Mais le constat est amer : seule la lignée humaine aussi loin que l’on remonte jusqu’aux premiers spécimens du genre Homo révèle un tel degré de cruauté à tous les niveaux envers ses semblables, encore plus vis-à-vis des femmes. La philosophie héritée des Lumières imprégnée d’un état originel de nature basculant vers le progrès porté par la culture est à revoir. Il va bien falloir clarifier la place des femmes dans l’évolution depuis les espèces ayant quitté leur berceau africain, reconnaître leur investissement colossal dans la reproduction en dépit des douleurs de l’accouchement, leur attachement aux enfants en termes de sécurité et d’éducation.
Dans cet essai novateur Pascal Picq insiste sur la nécessité de mettre en œuvre un vaste champ de recherche, impliquant de s’affranchir des représentations idéologiques, religieuses ou politiques réservées aux sciences humaines, de les rapprocher autant que faire se peut des avancées de la phylogénétique, des découvertes toujours très attendues de la paléoanthropologie, de les harmoniser avec les données de la biologie. Non seulement l’évolution prise au sens darwinien ne déplaise aux créationnistes en a le plus grand besoin, mais surtout les femmes elles-mêmes ont le droit de faire cesser tant d’injustices et d’inégalités à leur égard.