Le souffle de l'âme sauvage: Libre comme louve
de Parme Ceriset

critiqué par El Gabal, le 10 janvier 2022
(Strasbourg - 36 ans)


La note:  étoiles
Le souffle invincible de l'âme sauvage
Le souffle de l’âme sauvage, libre comme louve, est, comme son titre l’indique, une célébration de la vie sauvage envisagée comme le lieu de sauvegarde et d’expression de la liberté authentique. À cet Éden sauvage, sanctuaire menacé, qui brille de son idéal poétique, Parme Ceriset élève des prières qui ne sont rien de moins que « le chant du temps » ; chant qui nous parvient depuis « l’aube immémoriale du monde », brûlant « d’un incomparable éclat d’éternité », et dont tout poète sent « les premiers éclats palpiter dans son sang ». Alors que la nuit murmure au regard « l’infini bleuté des monts », que les anges y meurent comme des « étoiles à peine évaporées » dont le sang vient en noircir le parchemin, hurle cette meute de louves où la poétesse puise sa sève, son « espoir et son souffle ». Tout au fond de la nuit résonnent « les voix de la nuit sauvage », promesse d’un immortel amour qui s’éploie au cœur de l’été, « sauvage et violent », animal et fougueux.

Mais de quoi au fond l’homme s’est-il rendu coupable ? Il s’est rendu coupable d’étouffer et de tuer en lui « sa part sauvage », qui le rattache pourtant au tissu de la vie, chaque fois « qu’il joue à massacrer ses frères en animalité ». Il s’est également rendu coupable de ne plus sentir que le sang qui coule dans ses veines et qui « enchante ses artères » est un sang universel. Le salut vient peut-être alors de cette « féminité sauvage », comparable à « l’orage qui éclate sans prévenir » dans son tressaillement d’éclairs, mais aussi à la douceur de ces « fleurs qui s’ouvrent pour accueillir l’amant », afin de lui offrir des « fruits gorgés de vie et passion. » Cette féminité sauvage, dans le poème « rugir de soleil », s’exprime sous la forme du rugissement et culmine dans une ivresse pleine de joie et de feu. Le Vercors est le théâtre sauvage et naturel où s’exprime cette soif de liberté et de fauves élans.

« L’ultime envol », dernier poème d’un recueil qui est autant une odyssée qu’une ode à la vie sauvage, représente ce moment où la poétesse quittera son séjour terrestre pour rejoindre les étoiles et ainsi « dévorer la voie lactée », sûre de ne pas avoir abdiqué sa liberté après avoir dansé avec les loups et s’être unie à leur meute sauvage.

Julien Miavril