Ne m'attendez pas pour dîner: "Je pars faire le tour du monde sans avion"
de Geoffrey Métais

critiqué par Sabine-G, le 4 janvier 2022
(Senlis - 46 ans)


La note:  étoiles
Beau récit de voyage
J'ai voyagé avec plaisir autour du monde avec ce livre. C'est bien écrit, parfois drôle. La première partie en vélo est assez incroyable. Mais tout le livre est plaisant, ça se lit rapidement.

Bon comme je dois écrire au minimum 100 mots, je vous recopie un de mes passages préférés ^^ :

"Un vieux tabouret de bois de la cantine m'invite à reprendre mon souffle. Sous les bâches en plastique, les marmites frémissantes répandent un fumet de bouillon de poulet, accompagné de consistants légumes et de maïs. En face de la table noircie par les âges, une indienne parée du splendide huipil coloré de son village natal se réchauffe les mains sur un bol brûlant. Elle me rend mon sourire avec quelques dents en or en prime. Ses deux gamins, intimidés, écarquillent des yeux charbonneux en levant leurs petites têtes vers moi. Au fil de la discussion, j'apprends que les 9 autres sont restés à la maison.
- 11 enfants, félicitations !
- Oh j'ai encore de la marge. Ma voisine en a 15. Une femme du village en a même 18.

La moitié de la population du Guatemala a moins de 15 ans. Pas sûr que les préservatifs en intestin de cochon sauvage soient efficaces. Ici, c'est la famille du garçon qui paie le mariage, et notre douce paysanne a une cohorte de fils à caser. Pour parvenir à nourrir toutes ces bouches, le père n'a eu d'autre choix que la route de l'exil vers les États-Unis il y a deux ans, comme tant de ses compatriotes. Des mandats parviennent de temps à autre, mais là ils n'ont rien reçu depuis trois mois. C'est au fils de 15 ans qu'incombe la tâche de traîner une lourde charge dans la boue des sentiers ravinés pour aider sa courageuse mère à tenter de vendre quelques broderies. Aujourd'hui la journée commence bien, elle aura vendu au moins une étoffe. Un travail d'orfèvre qui nécessite des semaines de tissage à la main. Cela permettra d'agrémenter la maigre pitance familiale, peut-être même d'acheter une poule.
- Où se trouve votre village ?
- À deux heures de marche dans les montagnes, me répond-elle.
- Oh là ! Ça fait loin !
- Vous, votre village il est à combien de temps ?
Je me retrouve tout bête.
- Euh... deux mois de marche, un mois de bateau et encore un mois de marche ! Tout compte fait, vous n'êtes pas si loin.
Elle ignorait qu'il existait plusieurs continents. Ces gens-là sont d'une gentillesse inestimable. Aucune éducation, une vie de misère, mais un cœur grand comme le monde."