Agrippine, tome 1 : Agrippine
de Claire Bretécher

critiqué par Minoritaire, le 26 décembre 2021
(Schaerbeek - 63 ans)


La note:  étoiles
Entrée en scène
Avec Agrippine, on replonge dans le milieu que Claire Bretécher avait exploré, disséqué avec succès à l’époque des « Frustrés » : la bourgeoisie de gauche pépère. Même si, ici, les convictions et/ou questionnements idéologiques qui faisaient la marque du Nouvel Obs n’ont plus la moindre importance. Autre différence, nous suivons ici un personnage central qui évoluera au fil du temps (8 albums) et nous fera petit à petit partager son univers. La dramaturgie qui ne s'étendait guère que sur une planche ou deux pourra avec Agrippine prendre tout l'album, par épisodes de longueurs diverses.
Dans ce premier tome, nous faisons donc la connaissance d’Agrippine, ado pseudo-rebelle mais sincèrement narcissique, évoluant au sein de sa famille singulièrement nucléaire (ce qui la contrarie un peu). Laquelle comprend ses parents et son petit frère (8 ? 10 ans de moins qu’elle ?). Il y a aussi son amie Bergère avec qui elle partage ses angoisses sur la « conclusion » avec les garçons, dont Modern, qui justement, aimerait bien « conclure » avec elle (mais c’est sur le pli).
Tout n’est pas encore en place, même le trait qui s'affermit entre la première et la dernière planche. Dans les tomes suivants, Bretécher nous présentera quasiment tout le lycée de son héroïne, le cercle familial s’élargira, et surtout, les inventions du langage prendront une place essentielle. Disons qu’ici, c’est encore un peu à l’état d’ébauche. Mais une ébauche de Bretécher, ce n’est jamais mauvais.

Un extrait :

Modern : "Même Picasso peignait au logiciel, c'est prouvé."
Agrippine : "N'empêche qu'il s'est coupé l'oreille."
M. : "Et si la musique avait existé en 1850, Mozart ne se serait pas gratté, je te le dis."
A. : "Justement, il a fait sans."
M. : "Oui mais t'as vu le résulte."
A. : "Peut-être, mais ça se vend."