Les inspirés
de Nicolas Jacquard

critiqué par Colen8, le 21 décembre 2021
( - 82 ans)


La note:  étoiles
Hallucinant récit sur « La Famille »
La genèse des croyances perpétuées au sein de cette famille élargie remonte au jansénisme promu au XVIIe siècle par l’Abbaye de Port Royal. Trois cents ans plus tard, en partie oubliée et déformée, la doctrine a rejeté avec force le catholicisme et le protestantisme pour retenir un curieux syncrétisme inspiré du christianisme originel doublé d’une pointe de judaïsme pour certains et d’un besoin d’austérité expiatoire. Chacun est accompagné sa vie durant par trois sacrements : baptême, concubinage tenant lieu de mariage et extrême-onction.
Au fil du temps, des prophètes annonciateurs de l’Apocalypse et leurs disciples ont érigé des règles inscrites dans une sorte de bible intitulée « l’œuvre » de ce qu’il leur était autorisé ou interdit sous peine des pires damnations. La communauté ainsi créée s’est refermée dans l’entre soi exclusivement n’y admettant que ses propres descendants directs, aujourd’hui environ 3000 « cousins » du fait de la consanguinité. Nul ne doit en sortir, les dissidents étant rejetés sans état d’âme. A plusieurs reprises des transfuges ont tenté des expériences ailleurs sans grand succès.
Bien au-delà de l’enquête journalistique Nicolas Jacquard s’est livré à un minutieux travail d’historien et d’ethnologue grandement susceptible d’ouvrir des pistes de recherche aux généticiens, neuro-cogniticiens et sociologues en plus de l’information donnée au public auquel il est destiné. Au passage il met en évidence les failles des autorités à reconnaître la maltraitance quasi institutionnalisée de certaines familles qui a fini par être dévoilée grâce aux médias. Les Amish de Pennsylvanie aux Etats-Unis ont constitué des communautés fermées un peu comparables.