Sémi
de Aki Shimazaki

critiqué par Alma, le 20 décembre 2021
( - - ans)


La note:  étoiles
Quand les fantômes du passé viennent hanter le présent
Depuis que son épouse Fujiko a commencé à développer des signes d’Alzheimer, c'est dans une confortable résidence pour aînés que Tetsuo et Fujiko Niré se sont installés . Ils y vivent sereinement jusqu'au jour où Fujiko ne reconnaît plus Tetsuo comme son époux. Elle ne voit en lui qu'un futur mari possible et impose un paravent dans leur chambre. La politique de la résidence étant « d'écouter avec patience et ne pas contrarier », Mr Niré accepte de jouer le rôle de fiancé sans chercher à convaincre son épouse de son erreur.
La musique classique émeut particulièrement Fujiko et un soir, la suite d'une émission musicale à la télévision elle implore à plusieurs reprises son « fiancé » de rendre au célèbre chef d'orchestre qui dirige le concert une somme d'argent importante de trois cent mille yens qu'il lui aurait un jour donnée …....
Les obsessions des personnes atteintes d’Alzheimer ayant, dit-on, leurs racines dans le passé de ces malades, Mr Niré est troublé .Quelles relations son épouse aurait-elle pu entretenir avec cette célébrité de la musique ? Il interroge ses proches, croise des informations et finit par comprendre …

Un roman sobre, tout en douceur et en émotion qui offre une méditation sur la vieillesse, cette étape de la vie où les fantômes du passé viennent hanter le présent …..
A sa lecture, bien sûr, on se lamente, mais on sourit parfois, on s'attendrit aussi .
une cigale fort oublieuse… 10 étoiles

La maladie d’Alzheimer, si terrible pour les proches lorsqu’ils ne sont plus reconnus. C’est sur ce thème qu’Aki Shimazaki a bâti ce récit, un récit qui est très loin d’être celui que l’on attend. Pas de lamentations, pas de descriptions cliniques, juste l’acceptation de ce qui par ailleurs peut s’avérer un bon moyen d’occulter ce que l’on aurait aimé ne pas vivre. Fujiko Niré, atteinte de cette maladie depuis quelques années, va s’avérer capable de se souvenir des bons moments de sa vie, des bons moments qui ne font peut-être pas le bonheur de tout le monde, et d’oublier toute la partie de son existence qui ne l’a guère rendue heureuse. Et c’est également pour son mari, aux petits soins pour elle dans la maison de retraite où ils se sont retirés, l’occasion d’en apprendre des vertes et des pas mûres sur sa chère et tendre épouse. La drôlerie est parfois au programme de cette chronique douce-amère de la vieillesse, écrite avec finesse et sensibilité, avec un respect infini pour les personnages.

Jfp - La Selle en Hermoy (Loiret) - 76 ans - 6 février 2023


S'aimer toute une vie 9 étoiles

Tetsuo et Fujiko Niré sont mariés depuis des années selon les rites du "miaï", un mariage arrangé où l’épouse est choisie pour ses qualités à s’occuper de ses beaux-parents et de ses futurs enfants. Critères que Fujiko remplissait à merveille, appréciés par son futur époux.
Plus encore quand après la naissance de deux filles, sa femme accouchera d’un garçon.

Le diagnostic de la maladie d’Alzheimer posé, le couple un peu vexé que leur fils unique et son épouse ne viennent pas vivre dans leur maison, s’installe dans une belle résidence.
Jusqu’au matin où Fujiko ne reconnaît plus son mari. L’infirmière conseille à Tetsuo d’accepter cette mise à distance, et de se présenter comme le fiancé de son épouse.
Mais celle-ci va revivre jusqu’à l’obsession un événement majeur de sa vie ; révélant à son époux un secret bouleversant et bien gardé.
"Le passé est passé et on ne peut revenir en arrière. »
Tetsuo découvre sa femme sous un jour nouveau, s’interrogeant sur la place qu’il lui a laissée et sur leur relation conjugale.

Et c’est Fujiko qui cette fois, acceptera avec ses conditions ce (re)mariage
"Je ne veux pas que nous nous mariions seulement pour avoir des enfants.
La vie... "Pour moi, c’est aimer et être aimé. Si nous nous marions, je veux que nous nous aimions toute la vie."
Un roman superbe de délicatesse et de tendresse.

Marvic - Normandie - 66 ans - 5 mai 2022