Bien qu’un peu circonspecte face à la manie éditoriale actuelle, consistant à publier des romans comme « Le Tatoueur d’Auschwitz », « La Bibliothécaire d’Auschwitz », « L’Horloger de Dachau » et j’en passe, je me suis attaquée à ce volume consacré à l’une des goûteuses d’Hitler – en fait un roman bâti, aux dires de son auteur, à partir des carnets de la personne correspondant à la protagoniste du roman – et je n’ai pas regretté mon choix. De fait, ce roman nous introduit dans l’univers paranoïaque et crépusculaire des dernières années du Reich, avec un éclairage plutôt inédit, en tout cas pour la lectrice que je suis. Nous avons le point de vue d’une jeune femme banale, au fond assez indifférente à la politique et aveugle au sort des victimes de la barbarie nazie, qui en vient peu à peu, pour des raisons, reconnaissons-le, égoïstes, à entrouvrir les yeux sur ce qui l’entoure.
Loin de dresser le portrait louangeur et édifiant de la protagoniste, « À la table d’Hitler » présente les interrogations d’une conscience limitée face à des événements qui la dépassent. Ce qui donne un récit d’un réalisme bienvenu quand ce genre de sujet n’échappe pas souvent aux écueils du pathos et du manichéisme.
Reginalda - lyon - 58 ans - 23 janvier 2022 |