Le signe des trois
de Jean d' Aillon

critiqué par Patman, le 30 novembre 2021
(Paris - 61 ans)


La note:  étoiles
Holmes et Watson sont de retour...
Je parle bien sûr de EDWARD Holmes et GOWER Watson, les héros que Jean d'Aillon a propulsé dans le Paris anglo-bourguignon des années 1425. Pour cette 8ème aventure, nos héros n'apparaissent d'ailleurs pas tout de suite, ou seulement en filigrane, dans la première partie du roman. Nous replongeons presque 20 ans en arrière pour suivre le parcours de 3 jeunes nobles du nord de la France (et donc vassaux du Duc de Bourgogne) ce sont les temps troublés du règne de Charles VI et des rivalités entre les Ducs d'Orléans et de Bourgogne qui entraineront une guerre civile et le retour de la guerre de Cent Ans. Ces trois jeunes gens, amis pour le meilleur et pour le pire, scellent leur amitié par un blason commun : 3 fleurs de mouron rouges. En 1415, ils participent à la bataille d'Azincourt au sein de l'armée française, capturés, deux d'entre eux échappent à la mort grâce à l'intervention d'un archer anglais (qui n'est autre que Gower Watson) et le troisième est emmené à l'écart dans une grange avec d'autres prisonniers pour être exécuté (épisode tragique de la bataille d'Azincourt, plusieurs centaines de prisonniers français furent égorgés sur ordre du Duc de Salisbury, le nombre de prisonniers étant trop important et les Anglais craignant d'être attaqué à revers par cette masse de prisonniers). Les deux survivants sont emmenés en Angleterre en captivité contre rançon... rançon qui n'arrivera jamais. L'un des deux, malade, meurt et l'autre s'évade lorsqu'il comprend que, sans versement de la rançon, il finira par être tué à son tour. Il erre à travers l'Angleterre, rejoint des bandits avec lesquels il se familiarise à l'art du tir à l'arc (le fameux Long Bow si redoutable) et rejoint finalement la France en s'engageant sous un faux nom dans une compagnie d'archers (qu'il déserte une fois arrivé à destination). De retour dans sa Picardie natale, il ne peut que constater les dégâts. Les Anglo-Bourguignons se sont emparés des terres et des châteaux des vaincus. Le jeune écuyer décide dès lors de partir vers le sud et rejoindre le dauphin Charles à Bourges.
1425, à Paris. Une mystérieuse dame rend visite à Edward Holmes. Elle lui demande de retrouver un troubadour inconnu qu'elle a entendu chanter sous ses fenêtres un air qui sonne comme un message. Dans le même temps, Holmes est chargé d'enquêter sur un audacieux vol commis à l'Abbaye de Saint Germain des Prés. Un livre rare et deux vases très précieux se sont volatilisés.Très vite, les deux enquêtes vont se recouper...

Jean d'Aillon continue sa série inspirée du grand Conan Doyle (le second tome des aventure de Sherlock Holmes s'intitule "le signe des quatre") avec cette fois, si on peut dire, un "double" livre. La première moitié (environ 300 pages) est consacrée à l'histoire des 3 jeunes damoiseaux, leur parcours d'écuyer et même pour l'un d'entre eux ses pérégrinations après Azincourt. Dans la deuxième partie, on retrouve nos deux héros et toute une série de personnages annexes déjà rencontrés dans les 7 volumes précédents aux prises avec des adversaires retors et cruels, mais comme toujours le clerc anglais s'en sort avec brio grâce à son esprit aiguisé (et aussi la lame de l'épée de Watson tout aussi aiguisée !). Tout ça nous donne un roman dense et aux multiples rebondissements, tout à la fois polar et grand roman historique puisqu'il nous livre une analyse plutôt réussie des complexes relations politiques entre les occupants Anglais et leurs alliés de circonstance Bourguignons. Une réussite de plus à mettre à l'actif de Jean d'Aillon.