Les Désaxés
de Christine Angot

critiqué par Kilis, le 12 septembre 2004
( - 78 ans)


La note:  étoiles
Le dernier pari à Angot...
Le dernier pari à Angot.

C’est un événement. Le dernier Angot, last but not least, est écrit à la troisième personne !
De la belle écriture, comme elle sait faire, Christine Angot. Elle nous raconte l’histoire d’un couple qui surnage tant bien que mal dans les eaux de l’ordinaire. Des personnages,un homme, une femme, pas vraiment doués pour le bonheur, toujours un tantinet en décalage par rapport à leurs désirs, n’osant pas les assumer pleinement mais pas assez résignés non plus pour ne pas en souffrir. C’est finement observé, le propos est nuancé, subtil, intelligent. Christine Angot nous atteint profond, touche le lecteur dans ses zones d’ombre, ses recoins cachés, mettant au jour un peu de cette velléité quotidienne qui saupoudre nos vies.
Lisez-le. Le dernier pari à Angot. Réussi.
Sujet Angot (bis) 1 étoiles

Les écrivains réécrivent encore et toujours le même livre, la même histoire et parle surtout d'eux dit-on. Angot réécrit encore et toujours sur le même sujet, c'est-à-dire elle-même. Ce n'est pas forcément blâmable. Arriver à se connaître et faire preuve d'introspection lucide n'est jamais négligeable. Il y a des auteurs tout au long de l'histoire littéraire qui ont fait ça avec génie, comme Proust ou Céline aussi qui a cauchemardé sa vie. Mais ici, alors que des romanciers contemporains anglo-saxons, comme DeLillo, arrivent à faire du quotidien et de leur vie un sujet romanesque, et même cultiver de l'imaginaire sur ce terreau, sans d'ailleurs le noircir ni le rafraîchir ou le regarder à travers des lunettes roses, Christine Angot ne fait que le décrire de manière brute sans s'en inquiéter plus. Ce qui fait rire c'est quand elle prétend ne pas être narcissique, curieusement le narcissique est le dernier à s'en apercevoir bien qu'il n'y ait pas de mal à s'aimer...

Elle parle d'un couple qui, comme beaucoup de couples de littérature, n'a rien d'extraordinaire, mais auquel on n'arrive pas à s'intéresser. Ce qui domine, c'est surtout leur ennui, leur incapacité à être heureux dans l'instant, à rechercher sans cesse quelque chose d'impossible, à se tromper de colère. On pourrait y voir une recherche spirituelle ou intellectuelle, mais ce sont plus des caprices de bourgeoise bohème privilégiée au bout du compte. Il me semble que curieusement, car ce n'est pas ce qu'on lui reproche souvent, Angot manque en fait d'audace dans ce livre, de chair et de fantasme.

Titre : Les Désaxés | Auteur : Christine Angot | Editeur : Stock

Extrait :

"Il l'avait serrée dans ses bras. Il l'avait embrassée. Elle lui avait demandé s'il l'aimait. Il avait répondu bien-sûr, je t'aime. Je suis là. Je suis pas loin. Elle s'était rendu compte à quel point elle était heureuse de le savoir dans sa vie, d'être avec lui, de vivre avec lui. Surtout quand il n'était pas là comme en ce moment. Elle détestait son désordre, elle détestait l'odeur de tabac froid, les cendriers pleins, les fenêtres ouvertes en plein hiver pour essayer de faire partir l'odeur, elle détestait quand il dormait des heures le matin, au lieu de venir lui faire l'amour. Elle était contente de penser à lui, de penser qu'il l'aimait, qu'il pensait qu'il était avec elle. Qu'il existait. Mais il y avait quelque chose qui n'allait pas depuis le début. Des signes bizarres auraient dû les alerter. Ils ne s'étaient pas méfiés, au contraire, ils avaient foncé, trop contents d'être amoureux. "

AmauryWatremez - Evreux - 54 ans - 6 novembre 2011


Non autobiographique, évènement pour Angot 10 étoiles

Christine Angot est une habituée de l'apitoiement sur soi, ses petits malheurs, sa fille, ses problèmes conjugaux... Nouveauté! Avec ce roman, elle quitte le "je" et s’éloigne de son nombril pour nous parler d'un couple à la dérive et de la maladie mentale. C’est rare, c'est beau, c'est bouleversant.

MEloVi - - 39 ans - 17 octobre 2011


Désenchantement, mal du temps... 8 étoiles

J'ai découvert par la lecture des Désaxés Christine Angot. Je ne connaissais jusque là d'elle que ce qu'en avaient écrit les critiques. J' ai donc saisi l'occasion de la lire avec la sortie de son dernier roman. Je fus d'autant plus motivé à le faire que les premières critiques faisaient état, comme d'une révolution, de son passage stylistique du je au il(s); d'un monologue introspectif à une observation de l'autre. Je ne puis évidemment dire si cela est avéré puisque, je le répète, je n'ai pas lu ses précédents écrits, mais on ne peut être aussi remarquable raconteur de sentiments que l'auteur se montre sans avoir trempé sa plume dans l'encre de son propre vécu... Ces désaxés bien sympathiques que décrit Christine Angot ( et elle écrit fort bien) sont finalement bien ordinaires. S'ils évoluent dans un milieu qui l'est moins, ils souffrent d'un mal qui à l'instar des grandes épidémies de jadis se répand à défaut de répandre la terreur. Ce mal est celui du désenchantement vécu par deux êtres arrivés à l'âge des premiers bilans. Lui pleure sur son talent qu'il ne sait plus exprimer et sur la certitude qu'il n’atteindra pas ses idéaux. Elle a sombré dans la dépression, traduction pathologique de ce même désenchantement. Christine Angot fait de l'observation clinique: comment peuvent évoluer ensemble ces deux grands invalides de notre temps. Ses conclusions sont implacables: la cohabitation aura pour aboutissement l'enlisement de l'une et la fuite de l'autre; et ce n'est pas faute d'avoir oublié de tenter de faire dialoguer ses personnages. En vain. Sans doute parce que la lassitude était déjà présente et parce qu'elle fait aussi partie du cortège qui accompagne le désenchantement.

Hambraine - Fosses La Ville - 73 ans - 1 décembre 2004


Les désaxés 5 étoiles

Je participe au Prix Goncourt des Lycéens et ce livre, les désaxés fait partie de la sélection parmi 13 autres livres. Christine Angot nous raconte l'histoire d'un couple dont la femme est maniaco-dépressive et son mari se plaint tout le temps. Son mari ne sait jamais ce qu'il veut, il veut quitter sa femme après il veut plus. J'ai pas apprécié l'histoire en elle-même mais j'ai bien aimé la fin lorsqu'elle parle du "nous".

Pupuce_du_90 - - 35 ans - 12 octobre 2004