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Le Grand Récit: Introduction à l'histoire de notre temps critiqué par Falgo, le 24 novembre 2021 La note: 
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| Profond et immense essai d'un historien pour comprendrre notre temps | |||||||
| Ce livre n'échappe pas aux difficultés présentées par beaucoup d'essais: peine à présenter une logique d'ensemble, multiplicité des références et des citations, quelques facilités de langage dues à l'engagement de l'auteur. Il n'empêche qu'il s'agit à mon sens d'un ouvrage majeur qui trace des voies de compréhension de notre époque. Pour Chapoutot l'essence de cette compréhension est la recherche par l'homme du sens de sa présence sur terre, sa capacité à croire en de grands récits paraissant lui donner une explication et à s'insérer dans des processus collectifs les portant. Il procède alors à un décryptage des idé (théo) logies auxquelles l'homme a eu recours dans l'histoire pour trouver une explication. Il en présente chaque fois les causes du succès et les raisons de la faillite. Le premier chapitre traite de l'Église catholique, de sa constitution , de son essor, de son affaiblissement. Pour lui, incapable d'expliquer le mal autrement que par la Providence et devant l'incapacité de l'homme à comprendre Dieu, elle s'est peu à peu embourbée. Dans une certaine mesure Auschwitz a mis fin au mythe de Dieu. Le deuxième passe en revue les différentes approches intellectuelles ayant suivi la première guerre mondiale et conclut avec Albert Camus que la vie sur terre trouve un sens particulièrement avec l'amour. Le troisième est consacré à l'idéologie marxiste dont il analyse les origines par la trilogie Kant-Hegel-Marx et le fondement sur la lutte des classes. Il en retrace la chute de manière détaillée en s'appuyant notamment sur l'exemple de la RDA. Après le marxisme il s'attaque au nazisme et au fascisme en soutenant un changement de perspective. Leur succès est largement dû à leur manière d'établir une filiation directe avec les antiquités grecque et romaine pour séduire leurs populations et construire leur "religion" excluant touts les autres origines, en particulier le Juifs. Il termine ce chapitre avec un avertissement sur la fragilité des démocraties. Les chapitres suivants visent à décrire la "crise contemporaine de sens" (p. 171) en citant le mot de Stendhal " le génie du soupçon est venu au monde" (p.185), soupçon illustré par le trio Nietzsche-Marx-Freud et ses conséquences dans divers domaines. Il s'en suit l'apparition du complotisme, décrit par de nombreuses manifestations et démonté intellectuellement et pratiquement par l'auteur. Tout cela débouche sur un constat de faillite des grands récits et l'analyse des tentatives contemporaines pour les remplacer: illimitisme, ignorantisme et bullshitisme, messianisme, déclinisme, djihadisme. Les 100 dernières pages du livre sont consacrées à une habilitation de la démarche historique à expliquer les mouvements du monde, à condition qu'elle soit "une lecture d'un langage culturel propre à un temps et à un lien social particulier" (p.305), ce qui exige de l'historien d'être à la fois un lecteur et un écrivain. Il peut ainsi par une démarche étonnante imaginer ce que serait le monde si un événement s'était produit alors qu'il ne l'a pas été, à l'image d'un Philip Roth dans "Le complot contre l'Amérique". Au total un livre à lire de nombreuses fois pour suivre les innombrables chemins qu'il trace et utiliser les nombreuses clefs fournies, non exclusives l'une de l'autre, pour tenter de comprendre où nous sommes et où nous allons. |
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