Le rire de Laura
de Françoise Mallet-Joris

critiqué par Saint-Germain-des-Prés, le 12 septembre 2004
(Liernu - 56 ans)


La note:  étoiles
Sauvetage familial
Que faire lorsqu’on découvre que son fils a failli mourir d’overdose ? Laura ne tergiverse pas : prenant le taureau par les cornes, elle emmène Martin hors de Paris et s’enferme avec lui dans une chambre d’hôtel pour provoquer un dialogue, sorte de purge mentale par laquelle elle espère le débarrasser de toute pensée destructrice. Et Martin raconte, raconte ses victoires, dérisoires, ses échecs, cuisants et ses rencontres, troubles. Laura, prête à tout entendre, prête à tout dire, découvre son fils tout en se dévoilant elle aussi.

Mais où est le père, le mari ? Théo est chez lui, furieux que sa femme ne l’ait pas consulté avant de se lancer dans un tel huis-clos, furieux qu’elle ne lui téléphone pas, furieux de ne pas savoir où sa femme se trouve. Et petit à petit inquiet…

De digressions en flash-back, nous suivons quatre histoires : celles de Martin, de Laura et de Théo, mais aussi celle d’un ancien professeur de Martin chez qui il s’est réfugié lorsqu’il a fui la demeure parentale. Ce quatrième personnage est, et de loin, le plus complexe. Il a mis sa maison à la disposition de quelques jeunes, se réservant un étage, et observe leurs attitudes, fasciné par la notion de « groupe ».

Le scénario, intéressant, n’est pas ici servi par l’écriture : je l’ai trouvée convenue, utilisant même parfois des formules éculées. Dommage…
Spleen et angoisse bourgeois 5 étoiles

Relations difficiles pour une famille bourgeoise dans laquelle, le fils Martin vient de faire une tentative de suicide. Sa mère, Laura, s’enfuit avec lui à Strasbourg, sa ville d’origine et là, dans une chambre d’hôtel, on évoque les dernières années, celles de Laura, celles de son époux, Théo, un chirurgien absorbé par sa vie trépidante et enfin celles de Martin.

Quels sont ces destins qui se sont croisés ? Celui de Laura, femme parfaite, dévouée et d’une grande famille, séduite par Théo, qui au fil de ses succès va devenir un Don Juan froid ne maîtrisant plus les évènements se produisant autour de lui.

Vient aussi Marc-André, un personnage au profil atypique, chez qui Martin s’est installé quelques temps avant son geste, entouré d’une smala de filles et de garçons musiciens et artistes instables.

Martin, tantôt victime, tantôt cruel pour son entourage va se livrer à sa mère et elle-même va refaire le film de sa vie.
On peut se risquer à comparer ce roman à plusieurs œuvres de Françoise Sagan, mais ici sans romantisme, avec des personnages beaucoup plus tourmentés et un style plus difficile en raison de fréquentes phrases inachevées ou sans verbe, l’absence de chapitres, en phase avec la description d’une atmosphère plombée.

Laissons à l’auteur le mérite de sa qualité d’écriture mais il y a tout de même des moments où j’ai hésité à lâcher par manque de satisfaction et de réel plaisir de lire.

Pacmann - Tamise - 59 ans - 22 juillet 2015


Un livre puissant ! 6 étoiles

Il y a bien des années que j'ai lu ce livre, mais je me souviens très bien que la lente descente aux enfers de la mère et de son fils m'avait fortement marqué... Quelle sensation de déchirement et d'impuissance !... Et malgré tout, elle ne lâche pas prise !... Comment une vie peut basculer dans l'horreur... Depuis lors, malheureusement ce phénomène a eu tendance à se banaliser dans le grand public. J'ai un couple d'amis bretons qui a perdu une fille il y a deux ou trois ans suite à la drogue. Overdose à vingt sept ans... Ils n'ont rien pu faire, à chaque fois elle retombait...

Jules - Bruxelles - 80 ans - 14 septembre 2004