Les singes hurleurs sur l'autre rive
de Christophe Mercier

critiqué par Tistou, le 11 septembre 2004
( - 68 ans)


La note:  étoiles
Premier roman
Court premier roman de Christophe MERCIER, qui, manifestement a vécu en Guyane. L'argument est du style polar mais en réalité, on se retrouve très vite dans ce qui ressemble plutôt à une étude sociologique du petit monde expatrié dans un petit bled du bout du monde. Et dieu sait qu'on peut être porté à cela dans cette situation ! Il met donc ces expatriés sous le binoculaire du sociologue et les retourne dans tous les sens. Comme l'argumentaire de départ était, on l'a dit, de type polar, il y a un enrobage agréable et on se laisse porter par l'histoire. On visualise très bien la sensation d'étouffement de ce petit monde confiné, d'étouffement aussi de la nature environnante et l'inanité de vouloir fuir ses problèmes en partant au bout du monde. En fait les relations complexes décrites sont universelles et se déroulent aussi dans notre ville ou village, sauf que, noyés comme nous le sommes dans notre monde occidental et la foultitude de gens « comme nous », elles n'éclatent pas au grand jour. A Gaan Kandé, les quelques expat. et leurs relations sont mis sur scène, littéralement. Pour le scénario, lire Christophe MERCIER.
Microcosme dans l'enfer vert 4 étoiles

Oui, ça commence par un meurtre. Mais bravo à vous si vous pouvez me certifier que vous avez trouvé le coupable en refermant le livre ! Il est vrai aussi que tout le texte qui se développe entre le meurtre de la première page et l'autre drame de la dernière, ne dépeint que la vie de ce petit groupe de métros dans un village des rives du Maroni.
Quelques personnages très typés, auxquels on s'attache malgré tous leurs défauts. Il y en a peu, c'est facile. Des personnages, pas des défauts...
J'ai regretté quelques maladresses ou invraisemblances malgré le fait que, à l'évidence, l'auteur connaît parfaitement cette région : le fleuve n'est pas "jaune", mais bien brun et surtout, affirmer que "un repas assuré chaque jour est une aubaine imprévue pour un enfant du fleuve" relève d'un grossier manque d'observation ! Personne ne vous tend la main en Guyane si ce n'est pour vous saluer. Pas de vagabonds, pas de clochards, pas de sdf : une canne à pêche simplifiée et un fusil suffisent à assurer la subsistance quotidienne au delà des besoins !
Un livre à découvrir si on veut sentir cette pesanteur, cette moiteur du "climat" local, mais pas forcément le premier à lire si on veut se familiariser avant d'aller y passer quelques années !

Monique - - 52 ans - 1 octobre 2004