Un bec hors de l'eau
de C''Nabum

critiqué par Nabum, le 17 novembre 2021
( - 66 ans)


La note:  étoiles
Un polar dans la Loire.
Le bec dans l' « O »

Deux mille vingt-deux profile le beout de son museau et j'entends célébrer dignement le millénaire du premier bûcher de l'hérésie en Europe. Voilà un fait d'arme (non blanche) qui met à l'honneur notre bonne cité johannique, toujours prompte à tirer les marrons du feu. L'histoire est d'ailleurs si alambiquée que je ne m'aventurerai pas à vous la narrer par le menu. D'autres s'y sont essayés et l'ont si bien fait qu'il n'est pas besoin qu'à mon tour je jette de l'huile sur les braises.

Toujours est-il que depuis quelques années, des lecteurs me promettent le bûcher à cette occasion, m'imaginant non pas en tête de liste mais dans le cortège des renégats de la ville qui serviront de victimes expiatoires pour célébrer, le 28 décembre 2022, cette grande et flamboyante page de l'histoire locale. Je suivrai humblement mon ami Yves Bodard qui sera le chef de file des condamnés. Nous irons de concert, faire feu de toutes flammes en une incandescente célébration sur la place des martyres.

Afin de rafraîchir les mémoires de mes concitoyens, mémoires du reste le plus souvent qui tournent en boucle sur le seul épisode de dame Jehanne, épopée glorieuse certes mais relevant de l'épiphénomène, j'avais cru bon leur ouvrir l'esprit en écrivant un Guide du Roublard qui n'a pas eu le bonheur d'éclairer leurs lanternes borgnes. L'humour guépin n'a plus sa place dans la cité qui le vit naître en 451 de notre ère. Le seul bain de siège qui compte ici est celui de 1429.

C'est donc par le truchement de la fiction que je vais provoquer au sens premier du verbe les raisons de la colère et de l'étincelle finale. Un bon polar des familles, une facétie de Loire pour décrire ce petit microcosme des bourgeois de barriques et de leurs héritiers. Étant certain de déplaire, je n'hésite pas un seul instant à mettre en garde les bons penseurs, les maîtres censeurs et leurs serviteurs à qui il faudra scrupuleusement éviter d'évoquer ce brûlot.

Rassurez-vous, ceci ne sera qu'un feu de paille, un petit livre qui s'auto-détruira le 28 décembre 2 022 pour commémorer en apothéose les toutes premières flammes de l'hérésie. Il fallut attendre 1560 pour qu'au cœur de cette merveilleuse Renaissance, on brûle à tout va sorcières et birettes au nom d'une foi inébranlable à l’infaillibilité des élites qu'elles soient en soutane ou en redingote. Je prends les devants pour apporter ma contribution à ce brasier salutaire.

En avant-première, je vous offre la quatrième de couverture pour ce roman qui s’intitulera : « Un bec hors de l'eau ». Ne cherchez pas cette opuscule factieux dans les librairies de la cité, je leur éviterai les protestations des bourgeoisiaux de la place, indignés qu'on puisse ainsi, à l'instar de Yann Moix, salir la réputation de l'endroit, en ne leur confiant pas cette horreur.



Un bec hors de l’eau

Étrange manière que de ponctuer des contes en écrivant un roman policier en dix-huit jours. Le Bonimenteur a certainement quelques griefs sur le cœur pour agir de la sorte. N'étant pas homme à laisser passer un affront, c'est par le truchement d'une fiction qu'il remet ici les pendules à l'heure avec les inénarrables bourgeois de barrique.

À défaut de leur voler dans les plumes et en guise de prise de bec, il vous propose ici un polar facétieux, irrévérencieux et totalement foutraque. Que les esprits cartésiens passent leur chemin, l'intrigue suit les méandres de la Loire et les circonvolutions d'un esprit tordu.

Persiffleur dans l'âme, « guépin », hérétique et fou du roi, ce mauvais diable ne respecte rien ni personne. Les convenances tout comme les codes du Polar sont ici battus en brèche. La plume de héron trempée dans une encre acide, il se prépare à célébrer le millième anniversaire du bûcher de l'hérésie d'Orléans en s'offrant en victime expiatoire à la vindicte de ses cibles privilégiées.

Rassurez-vous, il ne s'épargne pas non plus, n'hésitant pas à se tourner en ridicule tout comme un certain nombre de ses comparses habituels. Bonne lecture, si vous en avez encore le courage.

Éditorialement vôtre