La petite dernière
de Fatima Daas

critiqué par CHALOT, le 11 novembre 2021
(Vaux le Pénil - 76 ans)


La note:  étoiles
un livre original
Ce livre a une construction originale avec de nombreux chapitres de deux , trois  ou quatre pages commençant par "Je m'appelle Fatima...."

Au début le lecteur s'étonne , puis s'habitue vite et apprécie ces présentations qui se font sous un angle différent.
Fatima Daas qui se raconte et qui parle d'elle, de sa famille, de la religion musulmane qui accompagne sa vie, nous montre la difficulté de se construire une identité et de s'en revendiquer.

Elle montre qu'il est difficile, dans son environnements social et culturel, d'assumer face à sa famille ses choix sexuels. Il n'est pas bien vu et accepté de devenir lesbienne.

Est-ce d'ailleurs spécifique à la religion musulmane ce rejet de ce choix sexuel?

Non !

C'est un livre courageux qui est écrit non pour se moquer, non pour stigmatiser qui que ce soit mais pour traiter avec pudeur une question de société sérieuse.

Son échange avec sa mère sur la question de l'homosexualité - elle n'ose pas tout dire sur elle- est édifiant :
"C'est pas grave ,maman ! Aujourd'hui on peut tout être : violeur, tueur en étant musulman sauf être un homme et en aimer un autre."

Sa parabole n'a pas été comprise car elle n'a pas nommé les "choses" gay et lesbienne...

Ce n'est pas si facile que cela.

Jean-François Chalot
homocoranique 8 étoiles

Comment être lesbienne et bonne musulmane ? Telle est la tragédie que vit l’auteure, se peignant sans concession dans ce court roman, d’une écriture stylée mais qui prend le lecteur à la gorge tant le récit semble empreint de vérité. Fatima, asthmatique, dernière d’une nombreuse fratrie, a mis en danger la vie de sa mère à sa naissance, qui n’était guère attendue. Elle va s’apercevoir à son adolescence que ses désirs ne se portent pas sur les garçons, à rebours de sa culture, notamment celle véhiculée par son père et ses aïeux. Pourtant, contre vents et marées, Fatima est croyante et accomplit tous les rites liés à l’islam, mais maintient son orientation sexuelle malgré les mises en garde des uns et des autres, qu’elle consulte au gré de ses moments de doute. C’est donc le récit d’une souffrance, d’un parcours chaotique, études abandonnées puis reprises, tout comme ses amantes, qu’elle chérit tendrement sans jamais parvenir à les contenter, jusqu’à la rédemption offerte par l’écriture, au terme d’une formation passant par des ateliers d’écriture et pour finir un cursus universitaire de création littéraire. Le résultat est là, et bien là, malgré le désordre apparent du récit qui ne fait que reproduire le désordre de sa vie.

Jfp - La Selle en Hermoy (Loiret) - 76 ans - 13 février 2023