La volonté
de Marc Dugain

critiqué par Tanneguy, le 11 novembre 2021
(Paris - 85 ans)


La note:  étoiles
Un père (un peu) fantasmé
Marc Dugain a une belle plume et se lit volontiers, ce qu'il raconte de son père est intéressant et lui permet d'évoquer l'actualité du dernier siècle sur un ton assez professoral. Il nous indique ce qu'il convient d'en penser (façon France-Inter...) et semble mépriser ceux qui ne sont pas de son avis.

Mais je suis un peu injuste et le personnage du père est attachant et son parcours pour le moins original : affligé très jeune d'une attaque de poliomyélite qui le prive de l'usage de ses membres inférieurs il réussira à surmonter son handicap et à réussir une belle carrière que l'on prend plaisir à découvrir.

Si le ton bobo-gaucho ne vous rebute pas, allez-y ; personnellement je préférais la chambre des officiers
Fils de héros 7 étoiles

Alors que son père n’a plus que quelques heures, quelques jours à vivre, le narrateur devant le corps méconnaissable de celui-ci, raconte le parcours incroyable de sa vie, reconstituant son histoire en s’aidant des quelques souvenirs évoqués, de quelques photos de son père et des ses propres parents ; son père était marin, toujours absent, bloqué aux USA pendant 5 ans. Sa mère, seule, sans ressources, était retournée dans leur Bretagne d’origine avec ses trois enfants. L’aîné, à 14 ans est déjà un garçon responsable, qui aide sa mère à subvenir aux besoins de la famille en pleine période de guerre, de restrictions. Très bon élève qui rêve de devenir capitaine au long cours. Jusqu’à ce que la polio le paralyse en 1941.
Suivront de multiples et douloureuses opérations, où il fera preuve d’un incroyable courage, déterminé à continuer à avancer malgré son handicap.
Il deviendra un jeune sérieux, passionné par ses études, un homme intègre sans compromission. Même dans ses relations personnelles.
Il fera de belles et décisives rencontres ; le médecin, le chirurgien, le musicien qui lui sauveront la vie et sa jambe, puis celle qui deviendra son épouse, et au fil de ses affectations dans les colonies françaises, des amis solides. Dont un qui l’emmènera vers des activités tellement improbables.
"Il va naviguer, pour la première fois de sa vie, confronter son équilibre précaire au roulis et au tangage, s’éloigner vers l’autre bout du monde, le point le plus éloigné qu’il est possible d’atteindre. Personne ne peut lui gâcher son bonheur. Douze ans plus tôt, tout semblait devoir lui être interdit, mais la combinaison raisonnable de la volonté et de la chance appelée par celle-ci l’a conduit là, sur le pont de ce bateau qui s’apprête à fendre les océans, jusqu’à l’un des coins les plus reculés du Pacifique."

Un homme incroyable de volonté, d’intégrité ; et il n’est pas facile d’être le fils d’un tel homme, d’une femme elle aussi courageuse, diplômée comme peu de femmes le sont, pas facile non plus de trouver sa place dans ce couple fort.
"Il considère ses enfants comme des privilégiés. Ses exigences avec son aîné sont excessives… et le sentiment que ce couple est au-dessus de tout, le petit dernier commence à le ressentir comme une exclusion dont il se sert pour s’échapper de son propre monde."

On ne peut qu’admirer cet homme hors du commun ainsi que ce bel hommage que lui écrit son fils.
Cependant, j’avoue que la lecture des grands épisodes de l’Histoire et leur analyse, même si on comprend par la suite leur importance, m’a paru bien longue, quelquefois éloignée de la vie quotidienne de ce couple, témoins et acteurs d’une décolonisation annoncée.

Marvic - Normandie - 66 ans - 8 avril 2022