Largo Winch - Tome 23 - La frontière de la nuit
de Éric Giacometti (Scénario), Philippe Francq (Dessin)

critiqué par Hervé28, le 7 novembre 2021
(Chartres - 55 ans)


La note:  étoiles
Un début de diptyque très prometteur.
Avec ce dernier opus, j'ai l'impression qu'Eric Giacometti s'est parfaitement accaparé le personnage de Largo Winch. On retrouve ici tout ce qui avait fait le succès de cette série : beaucoup d'humour, des répliques cinglantes, des retournements de situation, un soupçon de sexe , le tout reposant enfin sur un scénario simple qui prend de plein fouet l'actualité. Du mouvement #me too, aux préoccupations environnementales, au travail des enfants, en passant par le tourisme spatial et la concurrence entre les millionnaires dans ce domaine, cet album aborde tous les sujets, sans pour autant en faire une dénonciation trop appuyée ou caricaturale.
Bref, j'ai adoré l'intrigue de ce volume.
Le dessin de Philippe Franck est à la hauteur de ce que j'attendais, avec une mention spéciale pour le scène d'ouverture et la scène finale.
Un début de diptyque très prometteur.
J'ai apprécié cet album ! 8 étoiles

Certains se sont lassés depuis longtemps de ces séries à rallonge et je pense là à ces XIII, Largo Winch, Lucky Luke, Blake et Mortimer, Thorgal, Bob Morane, Astérix… Et, pourtant, chaque année, lors des sorties, ces albums restent longtemps en tête des ventes même si certains connaissent parfois des petits coups de moins bien…

Soyons honnêtes, ces ventes n’ont rien de scandaleux puisque l’on n’oblige pas les acheteurs et que d’autre part ils y trouvent du plaisir au moment de la lecture ! Par ailleurs, si certains éditeurs continuent de donner leur chance à des débutants c’est aussi parce qu’ils font des affaires avec ces « notoriétés »… Les libraires, eux aussi, aiment ces têtes de gondoles qui permettent de vendre d’autres bandes dessinées moins connues à ces lecteurs de passage attirés par les grosses sorties… Enfin, c’est surtout vrai si les libraires ont été approvisionnés correctement… mais c’est une autre histoire !

Alors, revenons à ces gros tirages et plus spécifiquement au dernier album de la série Largo Winch, La frontière de la nuit. J’aime beaucoup cette série Largo Winch depuis sa création par Jean Van Hamme, romancier et scénariste (au départ, il s’agissait bien d’une série de romans), et Philippe Francq, le dessinateur. Dire que tous les albums furent géniaux serait exagéré mais il y eut bien de la qualité au rendez-vous et je dirais même que si j’ai aujourd’hui quelques bases en finance mondiale je les dois à cette série qui me permit de découvrir des termes comme OPA, Bourse, actions, obligations…

Bien sûr, il s’agit de fiction et d’aventure et Largo Winch est confronté à des situations que peu d’hommes d’affaires ont connu, connaissent ou connaitront… Malgré tous les efforts de Jean Van Hamme, l’âge venant, il ne sentit plus capable de continuer l’aventure – car pour lui c’en était une véritable – et il a laissé la conduite des opérations au romancier Eric Giacometti. On dit que c’est le dessinateur abandonné par son scénariste qui a choisit le remplaçant… C’était pour le tome 21, L’étoile du matin.

Dès lors, il fut évident que le scénariste avait décidé de revenir aux fondamentaux de la série, c'est-à-dire les éléments de la finance mondiale en actualisant tout car la finance internationale avait beaucoup évolué avec l’arrivée d’Internet, du numérique, des réseaux sociaux… Et ce fut une grande réussite et un sacré coup de dynamisme (et de dynamite aussi si on veut) pour les lecteurs qui avaient failli s’endormir…

Avec le dernier album, début d’un diptyque, le scénariste offre un voyage dans l’espace à Largo (et au dessinateur aussi) et c’est bien normal puisque nous sommes arrivés au moment où le tourisme spatial sans s’être démocratisé se met à toucher les grands hommes d’affaires…

Mais pour en arriver là, il en faudra des évènements, des prises de conscience de Largo sur son entreprise, sur le monde, sur l’humanité… Largo redeviendrait-il l’homme libre du début de la série ? C’est peut-être là un des gros changements à venir, qui sait !

Indiscutablement, Eric Giacometti prend la mesure de son personnage, de sa série et Philippe Francq reste l’excellent dessinateur que l’on connaissait avec une narration graphique d’une efficacité presque unique et au réalisme rigoureux parfaitement adapté à cette série, à ces histoires, à cet homme !

Très bonne bande dessinée !

Shelton - Chalon-sur-Saône - 68 ans - 1 décembre 2021