Le Voyage dans l'Est
de Christine Angot

critiqué par Bernard2, le 7 novembre 2021
(DAX - 74 ans)


La note:  étoiles
Le terrible drame de l’inceste
Sans doute hélas beaucoup plus nombreux qu’on a longtemps voulu le croire, les actes incestueux détruisent complètement les enfants et adolescents qui en sont victimes.
Christine Angot a subi ce drame dès l’âge de treize ans, alors que son père (qui a reconnu sa fille par la suite) avait abandonné sa mère enceinte.
Comment réagir ? Encore enfant, perdant tout repère, aimant et admirant son père, l’autrice n’arrivait pas à dire non lorsque ce dernier proposait de la rencontrer, alors même qu’elle lui demandait de rétablir des relations normales père-fille.
Parvenue à l’âge adulte, Christine Angot finira par rompre tout contact, mais sa vie de femme restera fortement perturbée.
Ce livre est un témoignage bouleversant, et sans doute l’aurait-il été encore plus s’il n’y avait pas eu semble-t-il une recherche délibérée de provocation, de vulgarité dans le vocabulaire, dans les descriptions. S’il est important de dénoncer de tels agissements, la forme utilisée ici nécessite d’être averti au préalable.
Haut-le-cœur 8 étoiles

Ce récit m’a bousculé.

Ça commence par l’effroi, ensuite l’écœurement, la colère et enfin l’incompréhension. Jusqu’à ce que l’autrice conclut elle-même que son expérience ne peut être véritablement comprise que par ceux qui l’ont vraiment vécue. Car ce n’est pas seulement l’histoire de la négation de l’identité d’un être humain par un monstre isolé, mais également l’acceptation silencieuse d’un milieu et ce sentiment de solitude face aux sachants institutionnels.

Le style est direct et cru. Christine Angot s'analyse sans fard. Tente de s'extraire de cette mécanique infernale par des moyens qui nous échappent souvent.

Ce roman remue et révolte, sous le regard joyeux et confiant de l’autrice-enfant en première de couverture de la version poche et qui m’a affecté tout au long de la lecture.

Elko - Niort - 47 ans - 12 mars 2023