Mon corps pour une coupe: Les violences sexuelles dans le milieu équestre
de Audrey Larcade, Marie Leduc Lusteau

critiqué par CHALOT, le 4 novembre 2021
(Vaux le Pénil - 76 ans)


La note:  étoiles
Un témoignage glaçant
«  Mon corps pour une coupe »
Les violences sexuelles dans le milieu équestre
livre d'Audrey Larcade
avec Marie Leduc Lustreau
170 pages
éditions Jets d'Encre
octobre 2021
Un témoignage glaçant

Quel courage ! Quelle détermination que celle d'Audrey Larcade qui ose, malgré les pressions exercées sur elle, malgré sa douleur, témoigner et raconter son calvaire.

Tout commence par un rêve d'enfant :

en 1989, à trois ans, elle découvre l'équitation grâce à ses parents et veut devenir cavalière.
C'est un rêve de gosse, elle aime cela, elle va trouver là un axe essentiel pour sa vie.
A neuf ans, elle entre en contact avec son futur bourreau, un entraîneur.
Comment une petite fille de 9 ans aurait-elle pu se méfier de cet homme, un vieillard qui est chargé
de l'accompagner dans son apprentissage de cavalière accomplie ?
Elle est déjà dans ses griffes.
Quelques années plus tard, alors qu'elle a à peine 14 ans, il abusera d'elle, il la violera.
Il continuera à salir cette enfant, cette adolescente, puis la jeune adulte, blessée, détruite en partie comme femme en construction.
Le livre d'Audrey est bâti comme une lettre de condamnation adressée à celui qui lui a volé son enfance, c'est un mode original de narration qui rend ce témoignage, puissant, poignant et même glaçant.
Elle a cru qu'elle avait un prix à payer pour réaliser son rêve et devenir championne, ce qu'elle est devenue grâce à sa force et à son talent à elle.
Toute jeune adulte, elle comprend tout :
«  Je m'effondre, je commence à comprendre que la coupe, c'était moi. Ton trophée était mon corps d'enfant, puis d'adolescente. »
Elle va trouver de la force, et il en faut, pour parler, porter plainte tout en se reconstruisant 
C'est un chemin long, douloureux, semé d'embûches contre un homme qui dispose de soutiens....
Mais je m'arrête là pour ne pas tout raconter.

Le lecteur, pris par la narration et la grande qualité du texte fera certainement comme moi, il ne prendra pas de pause et ira jusqu'au bout.

Je tire mon chapeau à cette dame qui a osé aller jusqu'au bout pour essayer d'extirper ses blessures profondes et permettre que soit mené et poursuivi le combat afin d'aider les victimes et de contribuer à abattre ce monstre qu'est le viol.

Jean-François Chalot