L'écharpe
de Robert Bloch

critiqué par Bookivore, le 23 octobre 2021
(MENUCOURT - 41 ans)


La note:  étoiles
"C'est doux ? Lavé avec Mir La...aaaargghhhh"
Robert Bloch est mondialement connu pour avoir écrit un roman aussi court qu'efficace, "Psychose", qui a bien entendu été adapté, comme on le sait, et avec la maestria qu'on sait, par Hitchcock en 1960. Bref, Bloch a inventé le personnage de Norman Bates, psychopathe au cerveau bien dérangé, pervers et maniaque, mais sous des dehors extrêmement affables, aimables et timides. On trouvera d'autres romans, d'autres auteurs, qui abordent aussi bien la psychopathie, l'intérieur du cerveau d'un tueur maniaque, mais, sincèrement, si on en trouvera d'autres, ils ne sont cependant pas nombreux. "L'Echarpe", que Bloch a publié en 1947 ou 1950 (la date dans le livre, édition que je propose, est la première que je donne ; sur Wikipedia, ils donnent la seconde), est un autre exemple. Bloch a aussi écrit des histoires d'horreur à la Lovecraft (qu'il a un petit peu connu), il a écrit des scénarios de films d'horreur ("Asylum")...

"L'Echarpe", recommandé par Stephen King comme étant un des chefs d'oeuvre du genre "angoisse", est un roman, encore une fois, court, mais efficace. Le seul reproche à faire concerne la traduction, assez hasardeuse, vieillotte, et qui plus est, le mélomane que je suis ne peux s'empêcher de grimacer devant un bel exemple d'anachronisme : vu la date de publication du roman (aux USA), il est absolument impossible que le nom de Bob Dylan (on parle bien du musicien/chanteur) soit, à un moment donné, cité, et je peux vous parier ce que vous voulez que ce nom n'apparaît pas dans le manuscrit original de Bloch. Mais il apparaît dans le texte, dans l'édition Pocket Terreur, parue au début des années 90 (sans doute la première parution, en France, et en français, du roman). Pour faire plus moderne ? Alors que le roman se passe à une époque où Dylan allait à l'école ? Bref, c'est un détail sans aucune importance (deux mots dans le texte, c'est tout), mais moi, ça me gêne, ce genre de libertés prises avec le texte original. Et si c'était une révision du texte signée Bloch himself, rien n'est indiqué, donc...

L'histoire ? Oui, oui, on se calme, sinon je sors l'écharpe du titre. L'histoire d'un tueur maniaque qui ne se sépare jamais (la première phrase du livre la décrit comme un fétiche) d'une écharpe qu'il a reçue, jeune adulte, en cadeau, et avec laquelle il tue, de temps en temps, presque malgré lui, des femmes, en les étranglant. Il sème la mort à chacune de ses installations, de Chicago à Minneapolis en passant par Hollywood, notre héros, Daniel Morley, qui a des idées assez peu en adéquation avec #meToo sur la gent féminine, se débarrasse de ses conquêtes en les étranglant, et parvient à chaque fois à s'en sortir. On sent bien qu'il ne veut pas tuer, mais que c'est plus fort que lui. Le roman nous embarque dans sa tête, on a même, de temps en temps, des extraits de ses pensées intimes via des bouts de "carnet noir", son journal intime.

Un roman assez efficace malgré une traduction un peu poussive. Bloch n'avait pas son pareil pour parler d'un psychopathe.