Titanic et autres contes juifs de Bosnie
de Ivo Andrić

critiqué par Persepolis, le 9 septembre 2004
(Vouvray sur Loir - 45 ans)


La note:  étoiles
contes orientaux
Andric, prix Nobel de littérature en 1961, d’origine bosniaque nous offre dans ce recueil 10 contes. Ces contes ont en fait été choisis dans l’œuvre de l’écrivain. Leur fil directeur est qu’ils parlent de judéité. Ce ne sont pas des contes merveilleux, ils sont tragiques et tristes à tel point qu’on aimerait parfois en pleurer mais que l’on n'y parvient pas. En même temps il y a parfois une très belle humanité. C’est toujours bien senti. J’ai imaginé un auteur avec une sensibilité à fleur de peau. J’ai adoré même si c’était parfois presque douloureux. A LIRE ABSOLUMENT
10 nouvelles 7 étoiles

Contes juifs … de Bosnie ! Vous rendez-vous compte de l’extrême spécificité de la chose ? La Bosnie qui fut, à l’instar de ce que nous raconte « Le pont sur la Drina » une terre où toutes les religions qui comptent se sont rencontrées, côtoyées, … pas mélangées en tout cas. D’ailleurs, à propos du « Pont sur la Drina », une nouvelle : « Lotika », est carrément un chapitre ou un morceau de chapitre du « pont sur la Drina ». L’explication est donnée en postface puisqu’en fait il ne s’agit pas d’un recueil de contes ou de nouvelles conçu par Ivo Andric, mais d’un assemblage de nouvelles ou de chapitres de roman, écrits par Ivo Andric, et rassemblés par Radivoje Konstantinovic, un traducteur et écrivain bosniaque.

« Le présent choix de contes du Prix Nobel yougoslave, Ivo Andric, s’est fait, en quelque sorte, tout seul. J’ai eu l’idée de rassembler tous les contes d’Andric ayant trait aux juifs. »

Il y a également, du coup, deux extraits d’une autre œuvre, « La chronique de Travnik » – puisqu’à en croire Radivoje Konstantinovic Ivo Andric n’aurait réellement écrit qu’un roman : « Mademoiselle », « Le pont sur la Drina » comme « La chronique de Travnik » seraient plutôt des chroniques … Bon, personnellement classer « Le pont sur la Drina » comme roman ne me pose pas de problèmes …

10 nouvelles moins 3 extraits, restent 7 contes dont l’éponyme « Titanic » en prise directe avec l’histoire récente (au moins à la date d’écriture) : la seconde guerre mondiale et l’Holocauste.
« Titanic », c’est en quelque sorte une Holocauste au petit pied qui voit un juif, Mento Papo, qui a pratiquement renié sa condition de juif, misérable bistrotier alcoolique, se faire éliminer par encore plus « petit pied » que lui, Stéphane Kovitch, un oustachi par raccroc, un oustachi par défaut.
Les autres nouvelles ou extraits sont plutôt disparates et montrent dans l’ensemble une image conforme à la vision classique du juif ostracisé, persécuté, ce qui sans nul doute fut le cas aussi bien lorsque la Turquie dominait la Bosnie que sous l’Empire austro-hongois.
Mieux vaut lire tout de même « Le pont sur la Drina », par exemple, pour avoir une idée plus précise du talent d’écrivain d’Ivo Andric …

Tistou - - 67 ans - 7 août 2013