Hauts lieux de vivre
de Véronique Joyaux, Pierre Rosin (Dessin)

critiqué par Débézed, le 20 octobre 2021
(Besançon - 77 ans)


La note:  étoiles
La quiétude est dans le pré
Pour ma deuxième lecture d’un recueil édité par Les Carnets du dessert de lune, version Normandie, j’ai eu le plaisir de déguster des vers de Véronique Joyaux, des vers par lesquels elle reconstitue un pays charmant, un pays où j’ai plongé dans une ambiance tout de douceur de vivre, d’harmonie, de simplicité, de tendresse et peut-être aussi d’un peu d’amour. Un pays paisible et calme où l’on peut gambader dans les prés inondés de fraîche rosée, étreindre des arbres,

« On regarde l’arbre vivre / / On le sent battre en soi / rassembler les fatigues. »

Regarder un soleil lumineux mais si doux qu’on peut le suivre dans son voyage dans un ciel d’azur sans se brûler les yeux, flâner au bord d‘une mer fraîche mais accueillante…

Véronique a construit de monde irénique « dans le frisson des mots », comme elle l’écrit pour introduire cet ouvrage, où se mêle une nature paisible et vivifiante, des êtres et des hêtres heureux (un peuple vivant animal et végétal), calmes et détendus.

« Hêtre sans racines tu erres dans la plaine / … »

Et aussi et peut-être surtout des mots qui gambadent sur la page comme l’auteure gambade dans le prés de sa campagne qu’elle semble tant aimer. Les mots qui se fondent pour constituer le livre, le livre qui sera le tout, le guide et le protecteur de l’enfance avant d’être celui qui apporte le savoir et le plaisir à l’adulte.

« Déjà enfant les livres prenaient toute la place / / Les murs de la chambre étaient couverts / et me protégeaient des grands ».

Ce texte est une ode à la joie de vivre, une véritable potion magique contre la morosité ambiante véhiculée par les médias et les fameux réseaux sociaux, une leçon de vie simple et douce au cœur de la nature avec un bon livre. L’auteure sait la douleur et la souffrance mais elle sait aussi comment passer par-dessus pour aller voir ailleurs, là ou tout est simple, reposant, enthousiasmant comme la lecture d’un poème de Véronique Joyaux.

« Toi qui connais l’amer / toi qui connais le deuil / desserre le nœud de ta gorge / Rappelle-toi qu’il fait bon de vivre. »

Seul peut troubler ce calme ambiant la tendresse indiquant l’intrusion de l’autre, peut-être celui qui apportera l’amour.

« Ce silence que tu as su briser de ta voix profonde / est un étang au milieu de la clairière »

Et alors tout sera réuni pour que le bonheur soit complet et que le message de Véronique soit empli de « Cette joie qui éclabousse la page / de son sillage que nul n’effacera. »

Alors oui, « Rien n’est perdu s’il reste une trace des mots. » !