La fille qu'on appelle
de Tanguy Viel

critiqué par Pucksimberg, le 18 octobre 2021
(Toulon - 44 ans)


La note:  étoiles
Pouvoir et corruption
Le dernier roman de Tanguy Viel, comme ses précédents, a un ancrage dans le réel et évoque des situations devenues malheureusement banales. Ce sont des faits de société qui mettent en prise les personnages principaux avec le pouvoir et avec une mécanique qui est difficile à enrayer. Max Le Corre est un ancien boxer, qui a connu la gloire, désormais chauffeur du maire de la ville. Sa fille Laura revient auprès de lui mais n’a pas de studio. Max décide de demande de l’aide au maire qui acceptera, mais rien ne se fait avec générosité semble-t-il … Le roman s’articule autour de la déposition de Laura au commissariat et le lecteur découvre au fur et à mesure ce milieu vicieux et puissant avec ce maire et le directeur d’un casino. Le regard plus froid de la police permet de prendre du recul avec ce qui est narré.

L’écriture de Tanguy Viel est dense et les phrases sont longues comme pour tenir captif le lecteur. Les chapitres sont courts et riches. Rien de superflu, tout semble converger vers les objectifs de l’écrivain. Il y a pas mal d’implicite et le lecteur se rend vite compte que le roman est bien construit et que chaque scène apporte beaucoup à l’histoire. L’écrivain propose une belle analyse des sphères du pouvoir et du manque d’humanité envers des hommes que l’on peut aisément manipuler. La question du consentement est intéressante aussi dans le traitement qui en est fait. En lisant ce roman de Tanguy Viel, tout comme dans son précédent, on mesure vraiment ce que l’on appelle la fracture sociale et l’on voit les injustices et les privilèges qui rongent notre système.

Le roman repose sur des scènes sans doute banales dans le sens où le cinéma et la télévision ont déjà exploré ces thématiques, mais le prisme par lequel l’écrivain les dépeint est significatif. Certains passages sont particulièrement bien écrits et ont une force narrative incroyable.
un suspense social 8 étoiles

« La fille qu'on appelle »
roman de Tanguy Viel
les éditions de minuit
174 pages
septembre 2021


L'histoire se passe dans une petite ville bretonne côtière où règne un maire comme il en existe encore, tout puissant, qui n'hésite pas à s'acoquiner avec le directeur du Casino qui en retour sert le maître de ce lieu.
Cet homme, tout puissant qui brigue un poste ministériel pour un avenir proche reçoit un jour la fille de son chauffeur, venue demander un logement.
Cette jeune femme est ravissante.
Reçue par le maire en personne, elle comprend vite qu'il lui faudra payer le prix de sa personne. C'est ainsi que cela fonctionne encore, plutôt discrètement dans certains milieux.
Le père de Laura a toute confiance, sa fille aura un logement et du travail, c'est certain !
Cet homme que son épouse a quitté au moment de l'entrée en pré-adolescence de Laura est un champion de boxe local, ancien champion de France, une vedette déchue aujourd'hui qui va reprendre du service en affrontant un boxeur plus jeune.

Le décor du livre est planté.
Nous ne sommes pas là dans un conte mais dans la vraie vie, dans une de ces histoires sordides où les puissants restent les puissants.
Laura va-t-elle pouvoir échapper à cette vie d'esclave sexuelle, au service du maître qu'on lui impose ?
Max, le père, va-t-il continuer à ne rien voir, ne rien sentir ?
Il y a dans ce roman, à la fois une description sociologique bien faite de ces milieux politico-financiers et à la fois un suspense assez bien mené.

Jean-François Chalot

CHALOT - Vaux le Pénil - 76 ans - 9 janvier 2022