Carnets d'Orient Tome 11 : Suites algériennes - 1962-2019 - Première partie
de Jacques Ferrandez

critiqué par Elko, le 17 octobre 2021
(Niort - 48 ans)


La note:  étoiles
D'un joug à l'autre
Dans les "Carnets d’Orient", Jacques Ferrandez nous parle de l’Algérie, de sa colonisation française du début des années 1830 à son indépendance en 1962. Avec "Suites algériennes" il clôt un travail de plus de 20 ans puisqu’il nous emmènera dans la deuxième partie jusqu’aux manifestations anti-régime du Hirak en 2019.

Pour qui comme moi aurait lu ou relu les très bons "Carnets", ce qui paraît indispensable au vu des nombreuses références qui y sont faites, cette suite s’inscrit dans la ligne directe des tomes précédents. Il y a une continuité narrative évidente tant par le dessin que par la méthode. Jacques Ferrandez n’explique pas, ne prend par parti. Il montre des trajectoires individuelles qui balaient le spectre des forces en présence et illustrent une situation toujours aussi complexe malgré l’indépendance. Car dans la période économique et sociale désastreuse des années 80, l’alternative du FLN corrompu ou du FIS intégriste offre peu de perspectives à une jeunesse qui désespère. A cela s'ajoute le poids mémoriel et instrumentalisé de l’héritage colonial, difficile à solder car émaillé de silences, de trahisons, de malentendus, de familles déchirées.

L’Algérie et la France ont partagé une page importante de leur histoire. Elle a laissé de nombreuses cicatrices dont les conséquences résonnent encore aujourd’hui. Ce sont des ouvrages comme celui-ci qui permettent de déssiller les consciences.